http://www.liberation.fr/page.php?Article=148988 Les intermittents font les morts Ils appellent à une semaine sans spectacles ni cinéma. Cette «semaine morte» pour une culture vivante marquera-t-elle le renouveau ou la triste fin du mouvement des intermittents ? Le mutisme du gouvernement aura-t-il raison d'une des plus belles flambées du monde de la culture ? Depuis le coup d'éclat de l'été, toutes les spéculations ont eu cours : fermeture des théâtres, annulation des saisons, blocage des tournages, manifestations, occupations... Au lieu de ce bouillonnement escompté, spectacle et cinéma ont repris le cours normal de leur existence, seulement amendés par la lecture de diatribes au début des représentations. Arrogant. Pourtant, tout le monde s'accorde sur l'absurdité du protocole signé le 26 juin : syndicats, directeurs de théâtre, et même politiques (dont une frange de la majorité) ont compris que, loin de réduire le déficit de l'Unedic, les nouvelles dispositions risquent de le creuser. Cette semaine dans le spectacle et le cinéma décrétée «morte» intervient à un moment crucial. Mais on voit mal le ministère se faire moins arrogant et prendre en compte la colère des intermittents. Dans les coordinations, certes, on ne se résigne pas. L'engagement se prolongera jusqu'en décembre, puis avec les Assises du spectacle vivant programmées début 2004. Réunis à Marseille ce week-end, les collectifs régionaux ont tenté de remobiliser : «Cette semaine, c'est quitte ou double. On attend beaucoup de la manifestation de jeudi. Mais certains directeurs de théâtre faiblissent dans leur soutien. Le mot d'ordre de grève générale reconductible était plus compliqué à mettre en oeuvre que prévu», concède-t-on à la fédération CGT du spectacle. Les rapports avec le public mais aussi avec l'institution et le ministère de la Culture ont souvent compromis l'unité du mouvement. Et l'extrême précarité des intermittents les plaçait souvent dans l'impossibilité de ne pas travailler. Recours. A Paris, des rencontres sont annoncées (1), la plus attendue au théâtre du Rond-Point mardi. Des actions en direction des télés sont aussi programmées. Mais c'est en province que la mobilisation devrait être plus importante, dans la région nantaise, au Mans ou à la Comédie de Saint-Etienne qui tient son forum sur le «devenir de la création». La lutte pourrait trouver une issue dans les recours en justice portant sur les jeux de signatures lors de l'accord et de son amendement, le 8 juillet. Et le groupe PS à l'Assemblée demande la création d'une commission d'enquête sur la situation des intermittents. Le relais politique tant attendu prendrait-il tournure ? (1) Le site cip-idf.ouvaton.org en donne la liste. |