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La culture à l'arrêt en Pays de la Loire
En soutien aux intermittents, les spectacles sont annulés ou reportés
pendant une semaine.
Par de LA CASINIERE Nicolas
jeudi 16 octobre 2003
Nantes de notre correspondant
algré l'usure de la mobilisation et la rigidité du gouvernement, les
intermittents des Pays de la Loire ne baissent pas les bras. La
«semaine morte pour une culture vivante» a démarré lundi, de
Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) au Mans (Sarthe). Deux cents
structures, centres culturels et compagnies ont signé l'appel régional
à arrêter le ronron des spectacles pour expliquer la situation,
débattre de la précarité et des enjeux de la culture. «Ailleurs, les
directeurs s'en foutent, ils restent dans leurs bunkers», provoque Jean
Blaise à la tête du Lieu unique. «Cet été, on a entendu partout : tenez
bon, on arrive ! La rentrée chaude n'a pas eu lieu et, avec cette
semaine morte, on se sent un peu moins seuls dans notre combat», note
Martine Ritz, costumière et membre active de la coordination des
intermittents nantais.
Pédagogie. Pendant une semaine, les représentations sont donc annulées,
reportées, remplacées par une cinquantaine de débats dans une vingtaine
de communes, avec un souci de pédagogie et la projection de deux
vidéos, Paroles d'intermittents et Nous avons lu le protocole,
réalisées par les coordinations de l'Ouest et d'Ile-de-France. Certains
n'ont choisi de décrypter les enjeux qu'à leurs élus, d'autres de
parler aux enfants, ou d'aller chercher le non-public sur les marchés
de plein air et les supermarchés. Caveau de jazz à Nantes, le Pannonica
pose la question «qu'est-ce qu'on fait la semaine prochaine ?» et
invite paysans et jazzmen à en débattre. «Il faut isoler Aillagon,
maintenir la pression jusqu'à début janvier pour la mise en application
du nouveau protocole (d'assurance chômage, ndlr), préparer de vraies
assises de la culture», dit Martine Ritz.
Directeur de la salle de musiques actuelles l'Olympic, à Nantes, Eric
Boistard ajoute : «On est sorti de la phase des déclarations et
annulations de festivals. On est désormais ici dans une union
professionnelle. Le poids politique, il est là.» Outre les débats, on
se retrouve autour de pique-nique, apéros, karaoké militant à Angers,
éradication de l'intermittent inconnu noyé dans une mare à
Saint-Herblain, fleurs vendues sur place, destinées à former une
installation au Lieu unique à Nantes...
Grelots. La semaine s'achèvera samedi par une manif en file indienne
silencieuse, des grelots aux pieds, à Nantes. Au Lieu unique, malgré
des dissensions avec le maire PS Jean-Marc Ayrault, deux mois de report
de la rentrée ont été votés par les salariés. Jusqu'à fin novembre,
l'espace est mis à disposition pour programmer les troupes grévistes
qui, dans le système actuel, manquent de cachets pour boucler leurs
droits. Les Pays de la Loire ne sont pas la seule région mobilisée. Le
Syndéac (qui regroupe directeurs de compagnies et de théâtres publics)
appelle, à partir d'aujourd'hui, à trois «journées d'action et de
mobilisation» dans toute la France.
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