http://www.humanite.fr/journal/2003-10-16/2003-10-16-380741

Boycott Les écrans de la colère

Semaine d'action pour mettre les écrans en veille.

Aujourd'hui, éteignez la télé ! C'est l'appel lancé dans le cadre d'une " semaine morte pour une culture vivante ", partout en France, par les professionnels du spectacle et de l'audiovisuel. Parmi les nombreux rendez-vous, la Coordination des intermittents et précaires d'île-de-France propose l'opération " Écran noir " Le but : " Faire participer le public et lui permettre d'être solidaire avec nos revendications en éteignant son poste de télé ", explique Gaël, membre de la coordination à l'initiative du projet. Au lieu d'exclure les téléspectateurs d'un mouvement qui les concerne aussi, il s'agit de montrer symboliquement que tout le monde peut le soutenir. " L'action " Écran noir ", c'est donner les moyens aux gens de manifester leur solidarité ", dit-il. La commission audiovisuelle a tenu à marquer sa différence avec le spectacle vivant. Elle dénonce une logique télévisuelle où " les produits calibrés lui assurent un public captif. Elle ne fait plus que vendre aux annonceurs un public de consommateurs ", affirme Olivier, l'un de ses membres. Quatre jours de grève dans le secteur audiovisuel sont prévus, ainsi qu'une manifestation et de nombreux débats. Pour Olivier, une action spécialement ciblée sur les questions télévisuelles est essentielle : " Nous avons mis beaucoup de temps à réagir, alors maintenant il faut dénoncer les dérives qui ont lieu. Nous ne voulons pas remettre en cause l'objet mais bien son contenu. "

" Écran noir " est aussi une façon de viser les annonceurs et de dénoncer le diktat qu'ils exercent sur l'audiovisuel. " Si nous ne pouvons pas les atteindre ou les fragiliser, au moins nous les pointons du doigt ", raconte Gaël. " L'Audimat est la clé de voûte d'un système qui ne fonctionne que sur des résultats de parts de marché. L'idéologie de la rentabilité devient le seul critère dans la plupart des chaînes, y compris à Arte ", dit-il. L'idée initiale était de boycotter la publicité mais les gens le font de plus en plus sans trop y réfléchir. Un recours juridique a été déposé le mardi 7 octobre par les intermittents. Dernier moyen pour modifier la signature du protocole d'accord sur l'UNEDIC qui met en péril leurs professions et l'existence d'ouvres de création.

Ixchel Delaporte

Article paru dans l'édition du 16 octobre 2003.