http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3246--335586-,00.html Spectacle vivant, livre et arts plastiques comme priorités budgétaires LE MONDE | 26.09.03 | 14h53 Le ministère de la culture obtient 144 millions d'euros de moyens nouveaux. La crise des intermittents a eu une vertu : le gouvernement a pris conscience que le ministère de la culture avait sérieusement besoin d'un apport financier. Jean-Jacques Aillagon a été exaucé et le budget de son ministère, en hausse de 5,8 % par rapport à 2003, doit atteindre 2,632 milliards d'euros en 2004. Soit 0,96 % du budget de l'Etat, ce qui représente 144 millions d'euros de moyens nouveaux par rapport à l'exercice précédent. M. Aillagon avait, jeudi 25 septembre, de bonnes nouvelles à annoncer. L'ensemble des secteurs d'intervention va bénéficier des nouveaux crédits, le spectacle vivant, le livre et les arts plastiques étant les mieux lotis. Le spectacle vivant et la musique représentent toujours le premier poste budgétaire (en termes de crédits d'intervention) de la Rue de Valois. Ils enregistrent une nouvelle hausse de 4,42 % par rapport à 2003, soit près de 32 millions d'euros de moyens nouveaux. Le plan de 20 millions d'euros promis par le ministre pour aider les compagnies en difficulté après la réforme du régime de l'assurance-chômage des intermittents pourra être - pour partie - mis en œuvre dès 2004, mais ne devrait pas être intégralement distribué avant trois ans. CRÉDIT D'IMPÔT POUR LE CINÉMA La politique en faveur du livre et de la lecture bénéficiera d'un budget en hausse de 3,69 % par rapport à 2003 (soit près de 11 millions d'euros de moyens nouveaux), permettant de prendre en compte l'impact de la réforme du droit de prêt en bibliothèque ainsi que la mise en place des médiathèques de proximité, jusqu'à présent baptisées "les Ruches". Destinés aux communes rurales ou implantés dans la périphérie des grandes villes, ces nouveaux lieux - 60 projets - se verront attribuer dès 2004 une enveloppe de 4 millions d'euros pour démarrer. L'engagement en faveur des arts plastiques (+ 2,44 %, à 110,85 millions d'euros en 2004) passe par un soutien croissant à l'enseignement supérieur et une aide accrue à la diffusion. A Paris, la Galerie du Jeu de paume doit être transformée en en lieu consacré à l'image, et le musée de la porte Dorée devrait à terme abriter des collections de design. Les fonds régionaux d'art contemporain des régions Auvergne, Bretagne, Centre, Lorraine, Picardie et Poitou-Charentes bénéficieront d'une aide importante. Le soutien au cinéma et à la production audiovisuelle (non inclus dans le budget) s'élèvera en 2004 à 531,8 millions d'euros (en hausse de 4,8 %). Un crédit d'impôt sera créé pour inciter à la localisation en France des tournages et des prestations techniques. Ce mécanisme d'aide fiscale, destiné aux producteurs, doit entrer en vigueur le 1er janvier 2004. Si le budget du patrimoine et de l'architecture reste stable, un plan en faveur des monuments historiques sera concrétisé par une enveloppe de 20 millions d'euros supplémentaires destinés aux monuments en région, notamment à la réfection des cathédrales. Est prévu aussi un plan pluriannuel de travaux pour le château de Versailles. Le ministère insiste sur l'importance des investissements réalisés aux côtés des collectivités locales et en région (près de 60 %), qui dépasseront en 2004 ceux des grands projets nationaux à Paris et en Ile-de-France (environ 40 %). Ce qui confirme un mouvement de "rééquilibrage", puisqu'en 1997 les projets parisiens représentaient à eux seuls les trois quarts des investissements. La poursuite de nombreux grands projets immobiliers est confirmée. Il s'agit par exemple, à Paris, du Musée des arts premiers, du Grand Palais (la seconde phase de travaux sera confiée à un gestionnaire privé), de la Cinémathèque française, qui s'installera au 51 rue de Bercy (ce qui coûtera 3,59 millions d'euros en 2004), de l'immeuble des Bons-Enfants (3 millions d'investissements), de la Cité de l'architecture et du patrimoine, qui doit ouvrir en 2005 au palais de Chaillot (2,82 millions d'euros), de l'école d'architecture de Paris-Belleville-Diderot (16,5 millions d'euros) ou de l'école d'architecture de Paris-Val-de-Seine (5,1 millions d'euros). Différentes opérations sont engagées, comme l'Institut national de l'histoire de l'art, qui doit, d'ici à 2007 ou 2008, regrouper l'ensemble des départements spécialisés de la Bibliothèque nationale de France, ou encore la Cité des archives (Le Monde du 9 septembre). Jean-Jacques Aillagon a insisté sur les efforts de "sincérité" effectués en 2003, qui ont conduit à "n'ouvrir que les crédits nécessaires et ont permis de rompre avec une logique de bourrage d'enveloppe". Dans cette optique, les crédits pour 2004 sont, dit-il, calibrés en fonction des besoins réels du ministère. Nicole Vulser • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.09.03 |