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Saint-Etienne : à la Comédie, pas d'intermittence dans la qualité

Les premiers spectacles de la saison 2003-2004 mêlent la farce et l'écriture sacrée.


Jean-Claude Berutti et François Rancillac ont présenté le début de saison de la Comédie de Saint-Etienne en insistant, d'entrée, sur le combat qui les anime : la défense du statut des intermittents du spectacle.
En effet, les deux codirecteurs sont inquiets : «L'accord du 26 juin met à mal la survie d'au moins 30% d'entre eux, les plus fragiles, les jeunes. Il faut savoir que 99% des gens qui jouent ici sont des intermittents. Au-delà du problème humain, c'est toute la création en France qui va être touchée de plein fouet. Nous suivons de très près l'évolution des choses, en lien avec les coordinations qui travaillent sur le sujet. La région Rhône-Alpes et plus particulièrement la ville de Saint-Etienne, grâce au soutien du maire, sont exemplaires dans ce combat qui est le nôtre. Ainsi, nous organisons les 13 et 14 octobre un Forum intitulé "Quel avenir pour la culture?"»(1)

En pleine répétition
L'esprit de cette nouvelle saison tourne autour de deux axes majeurs : l'écriture sacrée et l'écriture carnavalesque. La musique y prend aussi une grande part. Pour l'instant, les codirecteurs travaillent chacun sur l'un et l'autre de ces axes, en tant que metteurs en scène.
François Rancillac répète Athalia, un oratorio de Handel, qui sera joué les 19 et 20 octobre : «Davantage qu'un opéra, c'est une sorte de conte musical en anglais (sous-titré), d'après Racine et à partir des chroniques bibliques. Il raconte l'histoire d'un coup d'état et de la contradiction entre une religion d'amour et le cycle infernal de la violence. Le spectacle est créé dans le cadre du Festival de l'académie d'Ambronay, lieu de rencontre entre de jeunes chanteurs et musiciens sortis de 27 conservatoires d'Europe. A la Comédie, ce sera la première fois que l'on utilisera la fosse d'orchestre pour de la musique ! Pour présenter cet oratorio aux spectateurs, une rencontre aura lieu avec Geneviève Lièvre, dramaturge musical à l'Opéra de Lyon le 7 octobre à 18 h 30 à l'Estrade.»
Quant à Jean-Claude Berutti, il répète La Gonfle, de Roger Martin du Gard, jouée du 5 au 22 novembre salle Jean-Dasté : «C'est un hommage que l'auteur a voulu rendre au fabliau médiéval. Il connaissait très bien les patois du Berry et s'est amusé dans cette farce à en créer un de toutes pièces pour ses personnages. A signaler d'ailleurs que, dans la tradition médiévale, les deux rôles de femmes seront joués par des hommes. Louis Bonnet sera l'une d'elles, rôle proposé à Louis Jouvet en son temps». Des répétitions publiques de la pièce auront lieu les samedis 27 septembre et 25 octobre à 17 heures au théâtre Jean-Dasté.

Une Comédie de proximité
On l'aura compris : la Comédie aime les spectateurs et elle veut tisser avec eux des liens de plus en plus étroits. Chacun des spectacles est ainsi éclairé en amont par des rencontres publiques (2). Elle veut aussi aller vers ceux qui, pour de multiples raisons, n'ouvrent pas les portes des théâtres.
Pour cela, un théâtre itinérant va sillonner les campagnes. A son programme, La Cantatrice chauve de Ionesco, qui sera aussi représentée dans les quartiers. C'est là une ouverture nouvelle.
Tous les partenaires de cette aventure étaient présents l'autre soir à la Comédie, ce qui paraît déjà une promesse de réussite. Parmi eux Gilles Epale, représentant la FOL (Fédération des oeuvres laïques) : «Nous allons proposer dans différentes structures des spectacles joués par la Comédie. Pour l'instant, quatre se sont proposées pour les accueillir : l'Amicale laïque de Beaubrun, celle de Chapelon, le Forum de la Métare et l'AGEF de Montreynaud. L'essentiel, dans cette "Saison entre voisins" est de présenter des spectacles de qualité, ainsi que de mettre en place des ateliers de théâtre amateurs". L'autre partenaire est le France. Comme l'an dernier, de forts moments cinématographiques viendront y étayer la production théâtrale.
GILLETTE DUROURE
(1) Le débat intitulé "Quel avenir pour la culture" et ouvert au public aura lieu les 13 et 14 octobre à 20 heures au théâtre Jean-Dasté. Il réunira de nombreux artistes invités. Première journée : "La diversité culturelle dans le tourbillon de la mondialisation des services". Deuxième journée : "Les conditions matérielles de l'existence de l'Art : financer quoi et comment?".
(2) Premier rendez-vous avec des metteurs en scène le 15 octobre à 18 heures à l'Estrade (Jean-Claude Berutti, François Rancillac et Vincent Goethals).