Aillagon annonce une hausse de 5 % de son budget

LE MONDE | 16.09.03 | 13h16  Invité de LCI, le ministre de la culture est revenu sur la crise des intermittents.

Déclenchée le 27 juin par la signature du protocole d'accord sur la réforme de leur régime d'assurance-chômage, la crise des intermittents du spectacle devrait avoir pour corollaire un sérieux coup de pouce du gouvernement au budget du ministère de la culture et de la communication.  Jean-Jacques Aillagon a annoncé lundi 15 septembre sur LCI, au cours de l'émission "100 % citoyens", que "l'ensemble du budget -de son ministère- va augmenter de plus de 5 %". En 2003, seuls les titres III et IV, qui correspondent à la création et aux grands établissements, étaient en forte augmentation, mais l'ensemble du budget, d'un montant de 2 490,72 millions d'euros, avait accusé une baisse de 4,3 % par rapport à l'année précédente.

Interrogé par un commerçant d'Avignon sur les méfaits des annulations des festivals, le ministre a déclaré que "cette situation dramatique aura eu pour seul avantage de permettre de mesurer à quel point la culture est importante pour notre pays". Il a assuré qu'avec la ville d'Avignon et le département du Vaucluse la charge du déficit avait été répartie, afin "d'éviter la liquidation" du festival.

Un sondage de LCI, Ipsos et Le Point mené auprès d'un échantillon de 909 personnes et dévoilé lors de l'émission révèle que 60 % des personnes interrogées expriment leur soutien aux intermittents, tout en étant 61 % à exprimer leur désaccord avec l'annulation des festivals. La moitié n'approuve pas le projet de réforme, et 65 % considèrent que la culture française est menacée. Toutefois, 70 % ignorent ce qu'est l'exception culturelle.

Opposé à huit contradicteurs, dont trois intermittents du spectacle, M. Aillagon a rappelé qu'il avait tout fait pour préserver leur régime spécifique d'indemnisation chômage, alors que le Medef souhaitait le liquider (en indemnisant 100 000 personnes, il représente un quart du déficit de l'Unedic). Tout en campant sur sa position - ne pas demander une nouvelle fois aux partenaires de l'Unedic de rouvrir la négociation -, le ministre a égratigné la CGT (non signataire de l'accord) qui "s'est autoproclamée majoritaire" dans la culture "alors qu'il n'existe aucun instrument de mesure sur sa représentativité". Selon M. Aillagon, le système actuel comporte bien des défauts : "La plus grande partie du travail n'est pas déclarée." Le ministre souhaite promouvoir une politique de l'emploi dans le spectacle vivant, quitte à "révolutionner l'ensemble du système". Et il a répété sa volonté de mener une chasse draconienne aux abus, y compris dans les grandes entreprises publiques.

Enfin, quitte à apparaître bien optimiste, M. Aillagon a affirmé qu'il avait "bon espoir" de réduire la TVA sur les disques et il a même envisagé qu'une telle baisse soit élargie à d'autres produits culturels, "comme les vidéogrammes". "Le processus est engagé, j'ai bon espoir qu'il aboutisse", a-t-il dit en soulignant toutefois que "la décision n'appartient plus à la France mais à l'Union européenne".

Nicole Vulser