http://www.humanite.fr/journal/2003-09-29/2003-09-29-379715

 Le budget de la culture préservé

S'il n'atteint toujours pas 1 %, le budget de la culture 2004 connaît une légère progression.

Le ministre de la Culture et de la Communication affichait, jeudi dernier, un air réjoui lors de la présentation à la presse du budget de son ministère. " En augmentation de 5,8 % par rapport à 2003, le budget 2004 - qui atteint 2,632 milliards d'euros - est en progression ", souligne Jean-Jacques Aillagon. Il eût été effectivement maladroit de la part du gouvernement de rogner sur ce budget-là au regard des nombreuses zones de turbulences qui ont secoué la quiétude estivale du ministère. On pourrait aussi évoquer les mouvements des archéologues, des architectes, des personnels des musées, toutes ces professions qui ont exprimé leurs doutes voire leur refus de réformes engagées à la hussarde. Il semble que la consigne en haut lieu ait été de jouer la carte de la prudence et d'éviter, ainsi, de jeter de l'huile sur le feu de la colère de ces professions à cran. Du régime d'assurance chômage des intermittents il ne fut pas question, sauf pour préciser qu'il relève de la négociation entre les partenaires sociaux. De la tenue des Assises nationales, prévues pour janvier prochain et chaque jour davantage contestées, non plus, sauf pour entériner sa date et préciser que les 32 millions d'euros de dotation supplémentaire allouée au spectacle vivant seront répartis " après " les dites Assises, entre autres " à la jeune création, au talent émergent, aux jeunes compagnies... ". Pour l'ensemble de ce secteur (spectacle vivant et musique), l'enveloppe est de 741 millions hors dépense de personnels, soit le secteur le mieux doté du ministère. Une somme qui comprend entre autres choses les investissements de structures en région (avec les collectivités locales) tels le Cargo à Grenoble, en cours, un Centre dramatique national et un centre chorégraphique, tous deux à venir, ainsi que la construction de deux Zénith, l'un à Saint-Étienne et l'autre à Amiens.

Souhaitant que son ministère " mette l'accent sur l'enseignement supérieur " - réseau des écoles nationales des Beaux-Arts mais aussi l'architecture -, l'accroissement en faveur des arts plastiques (+ 2,44 %, soit 110 millions d'euros) passe aussi par sa diffusion. Ainsi, la Galerie du Jeu de paume devrait prendre " une tournure définitive en 2004 " et accueillir le Centre de la photographie ; quelques fonds régionaux d'art contemporain seraient plus soutenus. Pour ce qui est des classes d'enseignements artistiques, on est prié, en gros, de s'adresser à son collègue de l'Éducation nationale.

Le soutien au cinéma et à la création audiovisuelle connaît lui aussi une amélioration (+ 4,8 %). Outre la création d'un crédit d'impôt pour favoriser la localisation des tournages en France, le ministère s'appuie sur la réforme de la taxe vidéo (en vigueur depuis juillet dernier), les fonds régionaux de production, " tout un arsenal de mesures économiques aux effets appréciables ".

Évoquant le patrimoine et les monuments historiques, Jean-Jacques Aillagon estime à " 20 % le nombre de monuments en péril sanitaire ". L'effort est donc concentré en direction de la restauration de ces bâtiments. Les investissements en la matière des collectivités locales inversent " la logique " qui prévalait jusqu'à présent : ils représenteront 60 % en région et 40 % à Paris et en Île-de-France, contre respectivement 74 % et 26 %.

Enfin, le livre et la lecture bénéficient d'une attention toute particulière (+ 3,7 %). Avec un soutien accru à l'économie du livre (droit de prêt en bibliothèque) ainsi qu'aux libraires tout comme aux disquaires, " afin d'assurer la pérennité des tissus urbains fragiles ". Soucieux de " moderniser le réseau des bibliothèques sur l'ensemble du territoire ", le ministre évoque le projet d'une soixantaine de " ruches ", sortes de médiathèques financées par l'État et les collectivités locales, " en cours de traitement ".

S'adressant un satisfecit quant à " la très bonne exécution du budget 2003 ", Jean-Jacques Aillagon estime que la progression en 2004 " est un signe politique fort du gouvernement ; un engagement malgré une situation tendue ", précise-t-il tout en remerciant le premier ministre mais aussi " ses conseillers ici présents ".

Zoé Lin

Article paru dans l'édition du 29 septembre 2003.