http://www.liberation.fr/page.php?Article=134722 Les intermittents dans la lutte à plein temps Passé l'été, la mobilisation promet une rentrée animée. Par Bruno MASI jeudi 04 septembre 2003 Les intermittents font leur rentrée. Même si, pour beaucoup, la saison estivale aura davantage été rythmée par les manifestations que par les bains de mer, le rassemblement de cet après-midi sonne comme une remise à niveau. Conduit par la fédération CGT du spectacle et suivi par l'ensemble des coordinations de Paris et de province, le cortège partira à 14 h 30 de l'avenue Bosquet (VIIe arrondissement), devant les nouveaux locaux du Medef, pour rejoindre l'esplanade du Palais-Royal. Non loin de là, rue de Valois, Jean-Jacques Aillagon présidera dès 15 heures la réunion du Conseil national des professions du spectacle. Assises. Une vingtaine d'actions sont déjà prévues sur tout le territoire. Des assemblées générales dans les théâtres ont eu lieu hier. Bon nombre de structures publiques soutiennent le mouvement et appellent à manifester. Pour les comédiens, danseurs et techniciens, l'objectif est double : montrer au gouvernement que l'été et l'agrément du nouveau protocole sur les annexes VIII et X n'ont en rien entamé leur volonté d'en découdre ; saper d'entrée de jeu l'organisation par le ministère des Assises nationales du spectacle vivant, dont Jean-Jacques Aillagon devrait aujourd'hui dévoiler le calendrier (lire page suivante). Annoncée dès juillet, la tenue de telles assises semble déjà très compromise. Le ministre souhaite rencontrer les professionnels du théâtre et de la danse dans une dizaine de villes. Les premiers rendez-vous qui devaient avoir lieu demain à Lille ont, par exemple, été reportés sine die. Détermination. Rue Perrée, en face du Carreau du Temple (IIIe arrondissement), où la coordination des intermittents et des précaires d'Ile-de-France a élu domicile depuis le début de la semaine, l'ambiance est décontractée, mais studieuse. Entre les panneaux d'affichage des différentes commissions, la buvette et l'ancienne cellule du commissariat transformé en débarras, tous ont taillé leurs mines et affûté leurs langues. La détermination n'a pas failli : «C'est rare qu'un mouvement passe l'été. On a jusqu'au 31 décembre et l'entrée en vigueur du protocole pour agir. Du coup, on repart de plus belle : on peaufine un contre-protocole et on relance les actions de dernière minute. Notre ligne est claire : pas d'Assises du spectacle vivant avant le retrait de l'accord du 26 juin.» «Joyeux bordel». Même son de cloche à la CGT. Jean Voirin, le secrétaire général, est remonté : «Le gouvernement est mal barré. Plus il s'entêtera, plus il sciera la branche sur laquelle il est assis. Le mouvement va se poursuivre, c'est indiscutable. Si Aillagon compte se rendre en province pour ses Assises sans avoir au préalable retiré le protocole, il va être fraîchement reçu.» Pour asseoir la revendication, la centrale syndicale mise plus que jamais sur les convergences interprofessionnelles : «Les architectes, les enseignants, les métiers de la santé et ceux de la culture vont se retrouver. Ce n'est sûrement pas le grand soir, mais les conditions sont réunies.» Reste une inconnue: la rentrée des spectacles, fin septembre. Même si aucun pronostic n'est avancé, l'automne 2003 devrait être tout sauf serein au sein des théâtres publics ou du Festival d'automne (lire ci-contre). Après plus de deux mois de mobilisation, on voit mal comment le mouvement pourrait aujourd'hui s'étein dre. Au QG de la coordination, on assure : «On n'a plus rien à perdre. On appelle toutes les structures à ouvrir leurs portes, à multiplier les forums et les rencontres, quitte à bousculer leur calendrier. Bref, que l'automne soit un joyeux bordel.» Affichage sauvage. La mobilisation n'est pas à l'abri d'un affrontement sémantique sur le sens à donner aux actions. Grève générale ? Spectacles maintenus ou interrompus ? Les fractures qui ont clairement scindé le mouvement au cours de l'été ne sont pas totalement refermées, et les colonnes Morris à Paris sont déjà la cible d'un affichage sauvage clamant volontairement l'annulation des spectacles. Mais l'appel à la prise de conscience est d'autant plus clair depuis le communiqué du Syndeac (syndicat regroupant la plupart des directeurs de théâtre public) fin août, appelant à un moratoire sur l'application du protocole du 26 juin, condition préalable à la tenue des fameuses assises. «Si rien ne change, il ne pourra y avoir qu'une rentrée théâtrale très chaude, dit-on rue Perrée. Aillagon n'est plus crédible.». |