http://www.liberation.fr/page.php?Article=136499 A la merci des camarades intermittents Ils ont refusé le stand proposé par le journal communiste. Quelle place accorder aux intermittents du spectacle ? Pour les organisateurs de la Fête de l'Humanité, ce week-end à La Courneuve, la question était délicate. En faire trop, c'était se faire accuser de vouloir récupérer le mouvement. Ne pas en faire assez, c'était banaliser la grande fête annuelle du quotidien communiste, et du coup prendre le risque qu'elle soit perturbée par les intermittents comme n'importe quel festival. Pragmatisme. Autre souci : fallait-il négocier avec la seule fédération CGT du spectacle, ou inviter aussi la coordination parisienne, souvent en concurrence sur le terrain avec le syndicat et beaucoup plus incontrôlable ? Les organisateurs de la fête de l'Huma ont choisi cette seconde solution. Pour deux raisons. La première de philosophie générale : ils ne souhaitent pas que ce rendez-vous soit seulement la fête du PCF, mais un lieu ouvert à tous les mouvements sociaux, sans exclusive. La seconde est plus pragmatique : avec huit compagnies théâtrales et une quarantaine de groupes musicaux à l'affiche dont le chanteur Arno, Jean-Louis Aubert, Zazie et Marc Lavoine sans oublier les 17 manèges et les 550 stands, la fête est un gros employeur d'intermittents. Plus de 300 en tout, parmi lesquels 140 pour la seule gran de scène dont le parterre peut accueillir 60 000 person nes. «Ils nous ont contactés pour nous proposer un stand, raconte Raphaëlle, de la coordination parisienne. C'est nous qui avons refusé.» Pourquoi ? «Question de principe, assure-t-elle. Notre mouvement n'est lié à aucun parti politique. Pour nous, la fête de l'Huma est un grand festival qui reçoit 500 000 personnes. Comme n'importe quel autre, nous y serons présents.» L'objectif de la coordination parisienne est donc de «squatter la grande scène», pour en faire une tribune des revendications des intermittents. Les organisateurs, eux, auraient préféré que la coordination se contente d'intervenir en parallèle avec la CGT-spectacle dans les différents forums. Celui «pour un autre monde» avec Jack Ralite samedi matin, ou celui de l'après-midi, consacré aux mouvements sociaux, avec Bernard Thibault en vedette. Autre rendez-vous programmé, celui du dimanche après-midi, pour un débat intitulé : «les Grévistes qui voient rouge». «Moins frontal». Mais ce que souhaitait d'abord la coordination c'était donner la parole aux intermittents sur scène. Et là, les discussions ont été serrées. «C'était moins frontal qu'avec d'autres directions de festival, admet Raphaëlle. Mais sur le fond, cela n'a rien changé.» Finalement, l'intervention des intermittents sur la grande scène est prévue samedi vers 19 heures entre le groupe marseillais Massilia Sound System, tout acquis à leur lutte, et Jean-Louis Aubert. Mais d'autres groupes devraient aussi leur laisser la parole. |