Nous avions eu quelques réunions similaires sur Toulouse en mai ou juin (je ne sais plus précisément). Nous étions entre 10 et 22 de l'audiovisuel  dont une large majorité de tehniciens.

Les constats et les questions étaient à peu près les mêmes que ceux de Rennes. Mais cela n'a pas débouché (pas su ou pas pu ?) sur une plus grande mobilisation des techniciens de l'audiovisuel.

Rares sont les professionnels de l'audiovisuel qui participe aujourd'hui à la lutte sur notre région. Pourtant la logique du Medef ( étroitement lié aux gros diffuseurs du privé et aux grossses structures de production des "programmes de divertissement") et les discours d'Aillagon, peuvent nous faire craindre le pire. Un versement dans l'annexe des intérimaires par exemple (qui elle-même est attaquée).

Cela m'amène quelques constats et réflexions (en vrac).

Des techniciens tournent sur différents types de projets (télé, rugby, prestations techniques sur des colloques...), certains grâce aux assedic font le choix de soutenir des projets de création en y bossant gratuitement ou font leur propre film (le format DV et le développement de l'informatique a permis de s'équiper).

Beaucoup de techniciens semblent culpabiliser car ils se sont mis dans la tête qu'ils sont des privilégiés par rapport aux autres secteurs d'activités.

Beaucoup de réalisateurs travaillent dans des conditions similaires au spectacle vivant.

Cette dernière année, s'est mis en place une attaque frontale contre les structures de productions indépendantes. (décision du Conseil d'état déclarant Pop Star oeuvre audiovisuelle, évolution de la politique de financement du CNC, réforme du COSIP...). A laquelle va s'ajouter le protocole d'accord du 26 juin.

Il me semble que la raison de cette attaque contre nos annexes ne soit pas directement le déficit des assedics (largement surestimée). Ils y a quelques années celles-ci devenues subitement bénéficitaires, ils se sont empressés de diminuer les charges pour recréer cette situation de déséquilibre.

Je pense qu'il y a grosso modo ces raisons :  Economique  - faire baisser le coût de la main d'oeuvre dans les chaînes et les grosses structures de productions en augmentant la précarité et par conséquent baisser les salaires grâce à une concurrence accrue entre individu.  - casser les structures de production indépendantes, et les stuctures du spectacle vivant les plus fragillisés pour récupérer leurs sources de financements mais aussi leurs "marchés potentiel".

Idéologique  - Rendre beaucoup plus difficile toute velléité revendicative.  - Casser "les producteurs de sens" qui ne reproduisent pas un rapport au monde néolibéral.  - De plus en plus de secteurs professionnels deviennent instables et de plus en plus de travailleurs sont touchés par la précarité, de plus en plus de jeunes fuient les boulots non créatifs et tentent de "gagner" le statut : il est devenu urgent pour le MEDEF de casser ce "modèle" qui questionne le rapport au travail et les modes de rémunérations (hérités du salariat).

Il faut garder en tête que la production de richesse nécessite de moins en moins de travail, que cette richesse s'est accrue considérablement (au profit d'une minorité), qu'il y a une vingtaine d'années au régime générale trois mois de cotisations donnaient droit à un an d'assedic pour tous.

Il est probable que des techniciens de l'audiovisuel intermittents pensent qu'ils ne participent pas à la Culture à travers leur boulot et qu'ils ont du mal à participer à des ag composées en majorité par des personnes issues du spectacles vivant. Pourtant ils tiennent à ce statut ( d'ailleurs beaucoup l'ont choisi) malgré la précarité engendré et ils ont peur de devenir demain plus précaires encore.

Je suis persuadé qu'en tant que précaires (sans l'alibi "exception culturelle") ils ont beaucoup à apporter au mouvement actuel et à son élargissement à d'autres travailleurs à emplois discontinus. Pas seulement pour le nombre de bras mais, de fait par leur expérience, pour poser les question du partage des richesses et d'autres formes de rémunération. Il me semble que les vrais questions sont là.

jluc (Toulouse)

NB: ah oui, la vrai chasse aux abus est que les boîtes soient obligées d'appliquer  les conventions collectives. C'est étonnant que le gouvernement n'en parle pas. Non au contraire, il diminue les capacités de contrôle des inspections du travail. Lui et le medef, parlent d'abus de telle manière qu'on nous prenne pour cible et pour diviser le mouvement.

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Objet:              [annexistants] audiovisuel rennes reflexion compte-rendu

COMPTE-RENDU DE LA REUNION DES PROFESSIONNELS DE L'AUDIOVISUEL DU 16/09/2003 12 personnes étaient présentes (dont une majorité de techniciens)

--- Il semblerait que tout le monde soit d'accord pour intégrer notre commission à la coordination des intermittents de Rennes ( à voter la prochaine fois)

--- Comment réagir face aux abus des employeurs ? Il y a des abus réguliers dans les boites privées. Les salariés sont souvent payés au forfait , on ne tient pas compte des dépassement d'horaires (ex : journées de 15 heures) Quand on lutte contre les abus , les employeurs sont punis mais les intermittents aussi (exemple de Fort Boyard). Un d'entre nous note qu'on respecte de moins en moins le travail et se demande comment être informé sur les lois qui existent. *** une des personnes présentes va contacter la commission audiovisuelle de nantes qui propose la rédaction d'un livre blanc ou noir de ces abus

--- Le mouvement des intermittents est très orienté sur les problèmes liés à la culture or certains techniciens de l'audiovisuel ne peuvent pas s'y reconnaître En effet, quand on travaille à la télé sur un match de foot comment s'inscrit-on dans un mouvement qui parle surtout de la culture ? La flexibilité et la précarité des CDD dans l'audiovisuel étaient supportables grâce au statut d'intermittent. Qu'en sera t'il demain ? Le mouvement des intermittents a t'il envie de prendre en compte les métiers qui ne sont pas directement ou pas systématiquement liés à la culture ?

--- Il semble que beaucoup de techniciens de l'audiovisuel pensent que le protocole sera appliqué à partir de janvier 2004. Certains ne croient pas à une annulation possible. Ils se demandent comment ils vont être indemnisés à partir janvier 2004. (proposition d'envahir les assedics à partir de janvier 2004). D'autres pensent qu'ils vont s'en tirer quand même. Il y a un manque d'information sur les conséquences de l'application du protocole. D'où la proposition de refaire un listing des professionnels de l' audiovisuel , intermittents, de la région. Le but est de les inviter à une soirée de diffusion du film "Nous avons lu le protocole" , suivie d'un débat où seraient présentes des personnes compétentes, pour : expliquer ce protocole et ses conséquences ; présenter les propositions qui existent (proposition de la fesac , propositions des précaires d'ile de France et autres...) ; expliquer l'intérêt de la demande d'annulation ; etc... *** une des personnes présentes se charge de regrouper les listing existants pour permettre à cette proposition de voir le jour si elle est adoptée

--- Un technicien constate que les métiers s'effondrent à France3. Il souligne que le noeud du problème est la programmation (autre que journalistique). S'il y a des programmes il y a du travail (que cela soit fabriqué en interne ou en coprod). Il souligne un lien possible avec les artistes qui sont de moins en moins intégrés dans les programmes régionnaux.

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