LA GUERRE DU DROIT N’AURA PAS LIEU ?

 

PROLOGUE

Un protocole d'accord mettant à genoux les professions du spectacle en France est signé le 26 juin 2003 par des partenaires sociaux ignorant tout de la réalité du spectacle vivant, en particulier par des syndicats minoritaires et non représentatifs de ce secteur (dont la CFDT).

ACTE I

Peu après, ce texte est modifié par les seuls signataires sans repasser par la table des négociations (autrement dit dans le dos de la CGT et FO) au plus grand mépris de la loi. Puis agréé par le gouvernement le 6 août.

Le texte agréé le 6 Août 2003 par M. Fillon n'est pas le même que le texte déposé le 9 juillet.

De plus ce texte modifié illégalement après le 17 juillet est daté du 8 juillet. Il est donc antidaté.

C’est un faux en écritures.

ACTE II

Les professionnels du spectacle, en lutte sur tous les fronts contre ce texte inique, s’aperçoivent de la supercherie et dénoncent son illégalité auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris.

ACTE III

Le Baron Ernest-Antoine fait les cent pas dans son salon. (Fumée de Corona et vapeurs de Cognac)

LE BARON : Il n’est point de Justice dans ce triste pays !

Moi et ce brave François, mon très fidèle ami

Du syndicat de Ceux qui se Fichent Du Travail,

concoctons cet été un joli protocole

Qui balaie de nos rues ces saltimbanques puants

Et qui ouvre un Pont d’Or à mes gens des médias

De la télévision et de l’audiovisuel,

Qui renfloue joliment les caisses que je vide,

Qui enterre plus profond

Ce bien fâcheux principe de « solidarité »,

Et nous libère enfin de cette maudite culture…

Que voilà une Grande, et Belle, et Riche idée !

Mais hélas ! Aujourd’hui, ces manants, ces pouilleux,

Clowns nauséabonds de la culture d’en bas

Veulent donner leçon sur la démocratie ?

Impertinence ! Scandale ! ! Épreuve et infortune ! ! !

Mais fort heureusement, mes fidèles amis

Vont de ce pas remettre de l’ordre là-dedans !

Holà, François ! Mon brave !

Cher et Fidèle Démolisseur des Travailleurs !

Montrez-vous devant moi, votre Maître vous sonne !

François, le valet de pied, entre la tête basse.

FRANÇOIS : Hélas, hélas, Baron, nous sommes découverts !

LE BARON : Allons, allons, mon Cher Faiseur de Droits Tordus,

Reprenez-vous, mon brave, et écoutez mon plan :

Réunissez mes gens.

Sur un papier tout neuf recopiez ce faux texte,

Faites signer nos amis,

Et le tour est joué !

FRANÇOIS : Mais, Monsieur le Baron…

LE BARON : Quoi encore, qu’y a-t-il,

Célèbre Fossoyeur des Droits des Travailleurs ?

FRANÇOIS : Jamais gouvernement d’une démocratie

N’acceptera cela ! C’est quand même un peu gros :

Nous signons un accord, puis en catimini,

Nous le réécrivons et nous l’antidatons.

Et le gouvernement agrée ce document,

Ce retripatouillage, ce faux en écriture.

Nous sachant découverts, une nuit, en secret,

Nous recopions au propre le texte litigieux,

Et nous le re-signons,

Et le re-présentons, naïfs et innocents,

Aux Institutions de la Grande Nation ?

Vous pensez que l’état, ses membres et son Conseil,

Vont gober tout cela ?

LE BARON : Nous verrons bien, mon brave…

François ouvre de grands yeux, le Baron esquisse un sourire.

ÉPILOGUE

Nous ne pouvons écrire l’avenir.

Mais nous pouvons l’imaginer.

Le MEDEF a convoqué les partenaires sociaux le 13 novembre 2003. Le « toilettage » des annexes VIII et X est à l’ordre du jour.

Les signataires hors la loi pris la main dans le sac se réunissent-ils pour régulariser leurs méfaits ? Méprisant le conseil d'Etat, le dialogue social et les règles élémentaires de la démocratie ?

La CFDT qui admet depuis 3 mois que le texte pose des problèmes et qu'elle fera tout pour l'améliorer n'en profitera même pas pour proposer ses modifications ? Montrera-t-elle qu’elle ment à tous ses interlocuteurs ?

Mr Aillagon et ses services ont admis que le texte devait être « retravaillé et amélioré ». C'est le moment où jamais de le faire avec toutes les personnes concernées. Le prétexte : « on ne peut rien faire, le texte a été agréé » ne tient plus. Vont-ils respecter leur parole et tout faire pour que M. Fillon n'agrée pas un « accord » dénoncé par tous, y compris par ceux qui l'ont élaboré ?

La mobilisation depuis 4 mois, les innombrables oppositions à ce texte, les très nombreuses réflexions, propositions résultant d'un travail de longue haleine (dont notre nouveau modèle d'indemnisation), les milliers de pétitions et de soutiens de citoyens, d’élus, de conseils municipaux, généraux, régionaux, tout cela n'aurait servi à rien ?

Nous n'imaginons pas ne pas être écoutés.

Dans le cas contraire, nous en tirerons toutes les conséquences.

Nous n’en sommes pas au dernier acte. Nos actions ne connaîtront pas de pause.

Après la culture, va-t-on aussi liquider la démocratie ?

RESTONS VIGILANTS

LE CONSEIL INTERPROFESSIONNEL DU SPECTACLE VIVANT DE SERVICE PUBLIQUE EN RHÔNE-ALPES :

le collectif culture Grenoble - la coordination lyonnaise des professionnels du spectacle en lutte - la coordination des professionnels du spectacle Drôme Ardèche - la table ronde des professionnels du spectacle Savoie/Haute-Savoie - la coordination des professionnels du spectacle de Loire - le groupe des 20 théâtres de ville en Rhône-Alpes - le regroupement des compagnies de spectacle vivant en Rhône-Alpes - la section régionale du syndicat français des artistes (SFA) - le SFA Lyon - la section régionale du SYMPTAC - la représentation régionale du SYNDEAC - le syndicat des artistes musiciens professionnels de Lyon - le SYNAVI.