22 Février 2002 - INTERNATIONAL Un bureau des fausses nouvelles ouvert au Pentagone Etats-Unis. L'administration envisage de lancer une guerre de conquête des opinions publiques mondiales. Par tous les moyens. " Le Pentagone veut lancer des nouvelles vraies ou fausses dans les médias étrangers ", titre le Herald Tribune.Un Bureau d'Influence stratégique (Office of Strategique Influence) vient d'être mis en place avec pour mission officielle de répondre à la perte de soutien de l'opinion publique dans la guerre contre le terrorisme, particulièrement dans les pays musulmans ; mais sans exclure les pays " amis " de l'Europe occidentale . · peine divulguée, l'affaire a commencé à faire l'objet de polémique dans la presse, et même au Pentagone. Elle a suscité une légère irritation du côté du département d'Etat, jusqu'ici en charge de faire connaître les prises de position du gouvernement. Ce nouveau bureau, qui à l'appui du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, dispose d'un budget de plusieurs millions de dollars tirés du supplément de 10 milliards récemment voté par le Congrès pour le budget de la défense. Il est dirigé par un général de l'armée de l'air, Simon Worden, qui vient du Conseil national de sécurité. · ses côtés, un de ses collègues en retraite, Wayne Downing, qui était à la tête des opérations spéciales, et un colonel, Thomas Timmes, ancien des missions psychologiques. Ils utiliseront, écrit le New York Times, qui a révélé l'existence de l'OSI (confirmée avec une insolence tranquille par les intéressés), tous les moyens de désinformation possibles, et même des actions secrètes, qui couvriront aussi bien les activités civiles, les nouvelles " blanches " que les activités " les plus noires des noires ", selon les termes d'un officier chargé de cette besogne. L'OSI a fait appel aux services du groupe Rendon, de Washington, qui a travaillé pour le président Carter et la CIA, la famille royale du Koweït et le petit groupe du Congrès national irakien, opposé à Saddam Hussein. Une firme qui a déjà trempé dans des campagnes de propagande lors de l'invasion du Koweït. Tout est donc en place pour que l'état-major prenne en charge une vaste opération de manipulation de l'information qui ne comporterait pas seulement l'envoi de tracts, mais cette fois la diffusion de fausses informations dont les sources seront cachées, l'attaque de sites informatiques, l'envoi de " journalistes " chargés de diffuser des enquêtes formatées au Pentagone, tous les moyens étant bons pour tromper les médias et les opinions des pays ciblés. Cette vision digne de Big Brother a fait des vagues au Pentagone, où plusieurs généraux ont fait remarquer que ce n'était pas le rôle de l'armée, qu'il y avait d'autres agences spécialisées dans ce domaine de la manipulation et qu'un tel recours au mensonge pourrait décrédibiliser le Pentagone en l'entraînant dans des missions d'information illégales. La loi interdit aux agences fédérales de diffuser de fausses informations à l'intérieur des Etats-Unis. Ils trouvent curieux que, pour répondre aux critiques qui se sont élevées à la suite des bombardements qui ont fait des victimes civiles innocentes en Afghanistan et à l'incapacité de l'US Air Force d'en expliquer les raisons, on ait choisi de confier la direction de l'OSI à un général d'aviation. Une colonelle en retraite, Virginia Pribyla, ancienne chef du bureau de presse des forces aériennes, interrogée par le Washington Post, note que le problème avec ces " guerriers de l'information " est qu'ils ne voient " rien de mal à ne pas dire la vérité ". Ce n'est sans doute pas la première fois qu'une agence américaine a recours à l'intox, aux mensonges pour imposer les vues de Washington, et déstabiliser l'opinion de ceux qui refusent de s'incliner devant les oukases de l'empire, mais que la proclamation en soit désormais officialisée en dit long sur le mépris des dirigeants américains pour leur opinion et celles des autres peuples. Jacques Coubard Page réalisée par Intern@tif - Vendredi 22 Février 2002 |