Pense-bête pour expliquer la réalité de la situation actuelle des professionnels du spectacle


Nous nous permettons de vous soumettre les points qui nous paraissent essentiels à transmettre au public et aux moins informés d’entre-nous. Il nous semble important de créer une situation de dialogue. Donc ne pas oublier de demander à l’interlocuteur ce qu’il sait et ce qu’il pense de la situation actuelle (attention à la désinformation et la manipulation des chiffres de la part des médias, du gouvernement et de l’UNEDIC) avant de lui transmettre l’information. Celle-ci se doit d’être : claire, respectueuse de l’interlocuteur, en des termes simples (attention aux chiffres, au langage spécifique, et aux évidences – toujours expliquer qui sont les professionnels du spectacle et de l’audio-visuel). Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur sa propre expérience sans oublier la passion qui nous a aiguillée vers les métiers du spectacle. Cependant, attention au pathos, au misérabilisme et à la colère !

* Si nous prenons la parole et que nous avons recours à des actions aussi dures que la grève aujourd’hui, c’est parce que nous n’avons plus le choix. Nous ne nous plaignons pas, nous portons plainte.

* Les mensonges à notre sujet :

 « Ils sont privilégiés » : non, le public ne perçoit qu’une infime partie de notre travail. Souvent, ce qui lui est proposé n’est que la partie visible de l’iceberg. L’autre partie est rarement rémunérée, d’où la nécessité d’un régime spécifique pour les professionnels du spectacle.

« Ils sont paresseux » : c’est faux, n’ayant aucune garantie de travail dans le temps, nous nous devons d’être en recherche permanente d’emploi (idée du risque social permanent). De plus, nos horaires comprennent souvent week-end et heures tardives, non rémunérés. La retraite, chez les professionnels du spectacle, n’est pas une évidence et encore moins une assurance.

« Ils sont plus de 100 000 intermittents en France (selon l’UNEDIC)» : faux, nous sommes environ 57 000 intermittents indemnisés par les assedic.

« Leurs revendications sont purement économiques » : non, nous nous battons pour les 30 à 40 % d’entre nous qui vont disparaître dans un premier temps, entraînant à terme tout une partie du métier dans un cercle vicieux ( -d’artistes > - de spectacles > - de travail > - d’artistes ...).

« Ceux sont des fraudeurs et des profiteurs » : faux, la triche et les abus proviennent principalement de boîtes de production de l’audiovisuel et de l’état lui-même par le biais de ses institutions culturelles. Des chauffeurs, des maître-chiens, des coursiers, des secrétaires, y sont déclarés intermittents du spectacle. Aussi, bon nombre des professionnels engagés par ces structures sont en réalité des permanents et devraient avoir un contrat à durée indéterminée. Ces fraudes ont d’ailleurs été évoquées par la cour des compte elle-même.

* Si les accords du 26 juin 03 sont ratifiés par le gouvernement, les plus faibles économiquement seront les premiers à disparaître. C’est-à-dire les jeunes et ceux qui sont dans des démarches professionnelles les moins commerciales (ex : originalité, recherche, collaborations).

* La culture n’a pas pour objectif d’être dans une stratégie de rentabilité économique. Elle doit être subventionnée pour rester accessible financièrement (ex :prix des places) et proposer une véritable diversité culturelle (ex :originalité, recherche, collaborations).

* Les intermittents du spectacles produisent du travail : En effet si les intermittents sont environ 57 000, environ 400 000 travailleurs permanents travaillent dans les structures qu’ils font vivre (ex :salles de spectacle, festivals). D’ailleurs ces personnes cotisent au régime général, et prouvent que le déficit de notre caisse d’allocation chômage est relatif. De plus des festivals comme celui d’Avignon impliquent des entrées d’argent essentielles pour beaucoup de commerçants et autres professionnels ne travaillant pas dans le culturel.

* La vocation d’une caisse d’allocation chômage repose sur la solidarité, et donc ne se doit pas d’être bénéficiaire.

* Aujourd’hui notre mouvement de protestation est national (festivals d’Avignon, Montpellier, Aix en Provence, Le Mans, Rennes, La Rochelle, Lyon, ...) et est soutenu, au niveau local, par le maire de Grenoble, le vice-président du Conseil Général, les directeurs des salles de spectacles de l’agglomération.

* Notre protestation rejoint celle d’autre corps de métiers (enseignants, chercheurs, architectes, santé, ...) et s’oppose à la politique néo-libérale du gouvernement et à la marchandisation planétaire. Au-delà de notre propre profession, notre engagement vise à faire prendre conscience à la population que nous luttons pour un véritable choix de société. Interrogeons-nous ensemble sur le sens et la place de l’art dans la vie de chacun. Vivre est un art.

* En quoi le public peut nous aider, et nous soutenir ? D’abord en essayant de nous comprendre, en lisant et signant des textes de soutien, et en nous rejoignant dans la lutte.

« L’art ne change pas le monde, mais il change ceux qui en font et ceux qui l’apprécient. »

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