Historique
du Collectif Culture de Grenoble
1
LUNDI
24 mars 2003 22h20
Chèr(e)s
ami(e)s,
Pas
de nouvelles"nouvelles" de Paris. Même s'il semble
que le ministère soit en train de constituer des "commissions"
ad hoc pour concrétiser les "recommandations" du
redoutable et délétère rapport ROIGT/KLEIN. Pas
d'autres issues que de continuer à maintenir la
pression, nous bagarrer et élargir nos luttes à
l'ensemble de la profession
Je
vous rappelle aussi que nous nous retrouvons à 12
heures au petit théâtre 10 rue Pierre Duclot (près des
Halles) le Jeudi 3 avril
pour définir le fonctionnement et les objectifs du "collectif
Isérois" qui
se veut un regroupement très large et très ouvert de
tous ceux qui veulent réfléchir à/ et agir pour/
une authentique vie culturelle dans ce pays. Il regroupe d'ores et
déjà des organisations syndicales, des
compagnies, des personnes diverses liées à la Culture.
Amenez suggestions et idées.
Patrick
Seyer
2
MERCREDI
26 mars 2003 8h30
Réunion
du Collectif
Un
collectif regroupant les organisations syndicales, des
collègues non syndiqués, des responsables divers, des
compagnies et structures se met en place et tiendra sa seconde
réunion le :
JEUDI
3 AVRIL 12 heures
Petit
Théâtre
Rue
pierre Duclot
(Près
Place des Halles)
Ordre
du jour
Un collectif:
Pourquoi? Qui? quoi? comment? où? quand?
J'invite
notamment toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas forcément
dans toutes les actions que nous menons, qui parfois, et c'est
légitime les critiquent, à venir DICUTER avec nous et
PROPOSER. Rien n'est pré-établi. Mais un positionnement
systématiquement négatif, une philosophie "y faut,
y a qu'à" ne fait pas vraiment avancer le
Schmilblick.
Inviter
un maximum de gens à venir à cette réunion.
PJ:
le
tract SFA et une analyse de Patrick Zimmermann.
De l’art de
bâillonner la parole… (Tract)
Il n’y
a pas de démocratie sans agora, pas d’agora sans théâtre.
La démocratie est fille de la parole, la parole s’exerce
dans l’art sous toutes ses formes.
Nous,
artistes et techniciens du théâtre, de la danse, de la
musique, de la télévision, du cinéma et de
l’audio visuel, sommes en colère de voir que le Ministre de
la Culture considère que l’avenir de nos professions relève
uniquement de l’UNEDIC.Au 20 mars 2003, il refuse d’envisager la
tenue d’une concertation nationale que nous réclamons depuis
plusieurs années.
Si
une
telle politique se met en place, les professionnels du spectacle
perdront une telle partie de leurs revenus que beaucoup d’entre eux
ne pourront plus exercer leur métier. Dans les jours qui
suivront, ce sont les petits lieux de spectacle et de diffusion,
ainsi que les petites compagnies qui fermeront leurs portes.
Nous
demandons que le gouvernement engage une concertation nationale aussi
bien sur l’avenir de la culture que sur l’avenir des
intermittents et que, dans l’attente, soient maintenus nos droits à
être indemnisés par les ASSEDIC.
La culture est
l’affaire de tous : un monde sans rêve est un monde qui
meurt.
Syndicat
Français des Artistes-CGT, section Grenoble Isère
04
76 23 56 31 et sfa-cgt.grenoble@wanadoo.fr
La petite
phrase
de Jean-Jacques Aillagon
Monsieur
Jean-Jacques AILLAGON, ministre de la Culture déclarait
récemment qu’il y avait en France « trop de
compagnies et trop d’artistes médiocres ».
En
pleine crise du régime des intermittents, une telle
affirmation est lourde de sens. Monsieur AILLAGON cherche purement et
simplement à légitimer par avance toute atteinte
éventuelle (et très prévisible) au système
de protection des professionnels du spectacle.
On
peut bien sûr revenir sur la notion de qualité en
matière de spectacle ; encore faudrait-il le faire en
profondeur, avec sincérité et après force débats
et réflexions, rapprocher par exemple le travail d’un très
grand nombre de petites compagnies et le véritable impact de
ce travail sur le plan local et social.
Mais
il est vrai qu’en matière de recul social, le gouvernement
n’en est pas à son premier coup d’essai : ne vient-il
pas de supprimer la gratuité des soins médicaux pour
les plus pauvres ? (*)
Monsieur
AILLAGON se pose donc en assainisseur du paysage culturel français
et essaye de faire croire à l’opinion publique qu’en
coupant les vivres à plusieurs milliers d’artistes et
techniciens, il éliminera les compagnies prétendument
médiocres et augmentera la qualité du spectacle vivant.
Le
Ministre de la Culture semble oublier ceci : d’une part la
médiocrité n’est pas ce qui fait chômer
l’immense majorité des artistes et techniciens, d’autre
part, s’il veut vraiment abréger l’existence de certaines
compagnies artistiques et réduire leur nombre, le procédé
pour y parvenir existe déjà, et depuis longtemps :
c’est le subventionnement. Cela fonctionne remarquablement (encore
que tout dépende de quel côté on se place) et
peut même, le cas échéant, faire merveille en
matière de censure.
L’amalgame
fait entre la survie des intermittents, en tant qu’individus, et
celle des compagnies artistiques, en tant que structures, l’idée
qu’en asphyxiant les uns on épurera les autres, relèvent
d’une logique choquante et inquiétante.
Rappelons-nous la
caricature qu’un journaliste de France 2 faisait, il y a quelque
temps, des intermittents du spectacle, les présentant comme
des enfants gâtés qui coûtent cher au
contribuable. Cela vous avait un vieux relent de populisme. Comme on
fait son lit, on se couche. Souhaitons d’autres draps que ceux de
la démagogie à notre Ministre de la Culture.
Il
est fallacieux et pervers de faire croire que le maintien en vie de
milliers d’intermittents – car il s’agit bien de cela - est
incompatible avec le niveau artistique d’un pays.
Ces
derniers temps, les intermittents du spectacles s’entendent
beaucoup dire (en particulier dans les antennes ASSEDIC) qu’ils ne
sont pas rentables. La belle trouvaille que celle-ci, à
l’époque de la globalisation et de l’argent roi ! La
solidarité devrait donc désormais céder le pas à
la rentabilité. Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas demander
aux personnes âgées et aux malades de longue durée
d’être rentables ? Assez ! Il y va de la dignité
des citoyens et d’un gouvernement dont les responsables
s’abaisseront, chaque fois qu’ils tenteront de dresser ces mêmes
citoyens les uns contre les autres, en leur faisant croire que
certains d’entre eux vivent aux dépens des autres.
La
solidarité n’est pas affaire de rentabilité, elle est
affaire de république.
Patrick
Zimmermann – 3 mars 2003
(*
Cette décision, concernant les sans-papiers, a été
reportée. Se référer au site de Médecins
Sans Frontière)
3
MERCREDI
2 avril 19h30
Cher(e)s
collègues
Suite
à la réunion de l'ADAEP du 11 mars où les
professionnels présents ont décidé de mettre en
place un collectif regroupant les organisations syndicales mais aussi
tous ceux qui souhaitent réfléchir, proposer, agir,
nous avons été mandatés (le SFA) pour
organiser la première réunion qui se tiendra rappelons
le
JEUDI
3 avril
12
heures
au
petit Théâtre
4,
Rue Pierre Duclot
(Près
des Halles)
Voici
ce que nous proposons comme base de départ concernant les
thèmes à aborder:
*la
question de l'identité de l'intermittence, en revenant en
premier lieu sur ce que ce mot " intermittence " impliquait
; en particulier, l'intermittent se définit-il seulement
par un droit à être indemnisé lorsqu'il ne
travaille pas, où se définit-il par son choix d'être
artiste (ou d'exercer un métier en rapport avec l'art), avec
ce que cela implique : choix de vie, mais aussi choix de la
précarité. Il nous est finalement apparu que
l'appellation d'intermittent n'était peut-être pas la
meilleure appellation qui soit, en ce sens où elle tend à
ne faire considérer nos professions que sous un angle "
comptable " d'obtention, de calcul et de maintien d'indemnités.
Le
plus souvent, nous sommes intermittents parce que nous ne pouvons pas
nous empêcher de l'être, parce que nous ne pourrions pas
faire une autre profession que celle que nous avons choisie.
Dans
d'autres pays que la France, où les droits sont soit minimes,
soit inexistants, il existe quand même une culture. Pourquoi ?
Comment cette volonté de culture arrive-t-elle à
s'exprimer ? Pourquoi, quelles que soient les circonstances et les
adversités, la nécessité d'une expression
culturelle persiste-t-elle ?
L'intermittent
est un artiste, un technicien, un travailleur du spectacle, mais
c'est aussi un citoyen.
*réfléchir
sur le pourquoi de la démobilisation chez les intermittents.
Nous nous sommes dit qu'une des causes possibles à cette
démobilisation pouvaient être le fait que l'intermittent
se sente à l'ultime extrémité d'un processus,
coupé de tout ce qui peut se situer en amont, sans aucun moyen
de le comprendre ou d'agir dessus, renonçant finalement à
se battre, se sentant victime d'une fatalité.
Pour
tenter de remédier à cela, nous devrions peut-être
nous requestionner sur le sens de nos choix et la nature de notre
travail ; d'où la nécessité, à notre
sens, d'une réflexion sur la culture, sur ses objectifs, sur
le public etc.
*Pour
se donner quelque chance d'efficacité et de réussite,
nous en sommes arrivés à l'idée que le futur
collectif devrait être constitutif d'un certain type de
fonctionnement ; par exemple en s'organisant sous forme de
commissions. Celles-ci resteraient à définir, mais nous
avons déjà évoqué quelques pistes de
travail possibles, comme : " La question de l'efficacité,
les actions à entreprendre et comment les organiser ", "
L'historique de l'indemnisation des intermittents ", " La
question de l'éthique et ce que c'est qu'être
intermittent ", " La politique culturelle, sur le plan
local, national et international ", " L'interpellation des
partenaires culturels "...
Pourquoi
ces commissions ?
Pour
mieux comprendre, pour se mobiliser, pour infléchir.
Ce
que sera cette première réunion du collectif, nous ne
pouvons le savoir mais nous ne sommes tout de suite accordés
sur la nécessité qu'elle soit très organisée,
aussi éloignée que possible des habituelles A.G.
informelles. Si nous ne sommes pas trop nombreux, l'idéal
serait de s'organiser en table ronde, avec un président de
séance rigoureux. Nous avons aussi tous été
d'accord pour souhaiter que cette réunion se fasse dans le
souci d'éviter toute agressivité.
Nous
souhaitons très vivement que TOUS CEUX qui de près ou
de loin sont lié à la culture: artistes, techniciens,
administratifs, élus, directeurs de structures etc.
participent à cette première réunion
constituante.
Patrick
Zimmermann, Jean-Christophe Houde,Catherine Gargat, Patrick Seyer,
Bérénice Doncque.
4
3
avril 2003 - Lancement du Collectif
Salut
à tous
En
résumé de cette super réunion du collectif, pour
une première c'est plutôt prometteur...
Ci
dessous Ce qui m'a semblé important de noter :
Pourquoi
ce manque de motivation ?
-
C'est comme toujours, ça
passera et on gardera nos avantages
-
Certain espère par ces
nouvelles mesures, un assainissement de la profession
-
L'intermittent de base est
précaire et s'est toujours démerdé donc il continuera...
-
On se sent privilégié donc
coupable
Comment
agir ?
-
Informer le public et les participants aux stages,
formations et autre
-
Donner une réalité chiffrée
-
Faire prendre conscience à la profession (les danseurs, musiciens, théâtreux,
vidéastes etc.) de notre identité
commune (nous sommes
tous en recherche d'emplois permanente- on travaille au quotidien en ne
déclarant que les jours payés - on est nombreux dans la
précarité...et il y en à probablement d'autres)
-
Que les techniciens deviennent
intérimaires
Les
solutions
-
Un minimum pour tous
-
Des moyens supplémentaires, plus de
subventions pour aller au bout de projets, de recherche artistiques.
Catg
Vendredi
4 avril 2003, 8 h 25
Bonjour
à tous,
C'est
vrai que cette première réunion du Collectif a été
prometteuse est encourageante. Le plus dur reste cependant à
faire ; il nous faudra veiller et travailler pour que cet
enthousiasme aille plus loin (beaucoup plus loin...) que celui que
l'on manifeste toujours au début d'une entreprise. Nous
pouvons y arriver.
Je
crois beaucoup, quant à moi, à la progression
méthodique, fût-elle à petits pas.
Merci,
Catherine, pour tes premiers commentaires ; cela nous permet
d'affiner et de progresser.
Au
sujet du manque de motivation
Je
trouve que les points 1, 3 et 4 soulevés par Catherine sont
très importants ; ils soulignent ce curieux immobilisme qui
semble exister chez les intermittents et qui consiste à la
fois à essayer de résister au pire (qui est à
venir) et à préserver ses propres acquis. Je crois
qu'il y a ici un point très important à méditer
entre nous. Nous avons d'ailleurs déjà commencé
à le faire. Cela concerne, au fond, le problème de
l'identité de l'intermittent : se considérer comme
détenteur d'un statut (en comptant ses heures et ses
indemnités), ou se considérer comme un citoyen ayant
choisi un mode de vie spécifique, nécessitant une
réflexion « de citoyen ».
Je
trouve que le point 2 soulevé par Catherine demande à
être développé. Est-il à mettre en rapport
avec ce que j'appelle « la réflexion de citoyen »
?
Au
sujet de « comment agir ? »
« Informer
le public », « faire prendre conscience à
la profession » : se sont bien des nécessités
que nous avons mises en évidence, au cours de cette première
réunion ; il nous reste maintenant à trouver comment
répondre à ces nécessités de manière
efficace. Le travail des commissions devrait le permettre.
Je
souligne, à ce sujet, l'extrême importance de garder
toujours en tête le souci d'efficacité et de l'objectif
à atteindre dans le travail des commissions ; surtout, ne pas
réfléchir pour réfléchir, dans le vide...
Attention
au point 4 : l'idée de passer intérimaire, pour les
techniciens, n'est pour le moment qu'une possibilité évoquée
par Raymond ; nous n'avons aucune certitude que ce soit, là,
un but à atteindre. Il nous faut vérifier si une telle
modification serait au bénéfice des techniciens ou à
leur détriment.
Au
sujet des solutions
Les
points rappelés par Catherine sont encore trop larges, ce qui
est bien normal puisque nous n'en sommes qu'au début d'un
travail.
Sur
le plan de la nécessité de plus de subventions pour
aller au bout de nos projets et de nos recherches artistiques, je
crois que se pose ici la question de : « le chômage
sert-il à payer les répétitions ? »,
ainsi que toutes les questions attenantes.
Cordialement
à tous.
Patrick
Z.
5
Collectif
des Professionnels du spectacle.
Compte-rendu
de la 2eme Réunion 3 avril 2003
(Réalisé
par Patrick SEYER au nom du collectif)
Ce
Collectif qui regroupe des syndicats et des « individuels »
a vu le jour le 11 mars. Cette seconde réunion avait pour but
de préciser ses objectifs et de mettre en place un certain
nombre de commissions.
Compte-rendu
(résumé et aussi fidèle que possible) des
diverses (et nombreuses) interventions. Quand les personnes me sont
connues je les cite sinon….
Patrick
Zimmermann fait un mini historique de ce collectif et rappelle ses
objectifs : entamer une réflexion de fond sur nos
métiers et la défense de ceux-ci et s’ouvrir à
un maximum de « partenaires ».
Il rappelle que ce collectif est né d’une initiative de
l’ADAEP. et rend hommage aux analyses faites en leur temps par la
coordination.
Odile
Saccoman donne lecture du compte-rendu de la première réunion.
Suite à cette lecture/présentation, Patrick Seyer demande à ce que l’on
soit très attentifs au niveau
de la forme à ne pas apparaître comme des
défenseurs/admirateurs des contrats précaires type
CES/CEC etc… opinion que partage Michel Szempruch. Il ajoute que le
compte rendu donne l’impression d’un antagonisme syndiqués/non
syndiqués, au sein du collectif, ce qu’il récuse.
Odile précise les choses et insiste ensuite sur la nécessité
qu’il y a à intégrer dans le collectif un certain
nombre de créateurs qui se positionnent en marge d’une
« certaine culture officielle »
Pierre
Saccoman réaffirme le caractère gravissime des projets
de réforme du régime des intermittents. Il pense que ce
n’est pas une « simple » attaque comme nous
en avons déjà connu, mais d’une remise en cause
fondamentale de nos métiers, des petites structures et de la
culture dans ce pays. Il estime que la difficulté à
mobiliser le milieu tient à plusieurs facteurs : la
guerre, le fait que beaucoup pensent que bon an mal an le régime
ne sera pas fondamentalement changé, enfin qu’il existerait
un certain nombre d’artistes pensant que ce régime est
tellement « merdique » qu’il n’est
peut-être pas totalement injustifié d’en changer.
Pierre estime qu’il faut diriger préférentiellement nos explications en
direction des usagers directs : stagiaires,
public etc…
Un
technicien s’interroge quant à lui sur la pertinence du
régime de l’intermittence pour sa profession étant
donné le nombre d’heures non payées qu’ils sont
très souvent amenés à faire. Peut-être un
véritable régime d’intérimaire serait-il plus
avantageux en fin de compte ? Denis (Compagnie Deblok.Manivelle)
de Chambéry fait état de la création d’un
collectif et d’une réunion regroupant un maximum
« d’acteurs » de la culture. (Artistes,
décideurs, politiques). Il nous fait part d’une réunion
où les professionnels présents ont examiné de
façon concrète leurs conditions de vie (salaire, temps
de travail etc.…). Il a noté que le milieu semble beaucoup
s’auto censurer, considérer que devenir de plus en plus
pauvre est admis voire normal. Il a insisté sur ce qui lui
semble être une dominante dans notre milieu à savoir que
l’outil « naturel » anti-précarité
c’est « la démerde ».
Benoît
Kopniaeff insiste sur la formidable désinformation dont nous
sommes victimes. Comme Denis il pointe la nécessité
qu’il y a à parler de notre travail au « quotidien ».
Il pense que nous devons rechercher des données chiffrées
les plus précises possibles et ne plus rester dans des
estimations vagues. Patrick Zimmermann mentionne les situations
professionnelles catastrophiques dans la majorité des autres
pays. (Belgique, Espagne).
Michel
Szempruch estime que notre milieu est très hétérogène
et qu’il y a nécessité de trouver un dénominateur
commun permettant de rassembler un maximum d’artistes pour des
actions positives. Il voit trois domaines de
« rassemblement » :
-
La lassitude de la précarité
-
Le besoin d’un revenu minimum décent
-
Avoir de « vrais » moyens pour développer
des actions culturelles.
Odile
Saccoman insiste à nouveau sur la nécessité
d’intégrer la frange « underground »
des artistes qui refuse la « culture traditionnelle »
et même le régime de l’intermittence.
Denis
trouve que l’aspect « réflexion » du
collectif est certes important mais qu’il n’est pas forcément
mobilisateur. Il pense que pour vraiment mobiliser il faut
actuellement prioritairement et assez ponctuellement se battre sur la
défense du régime des intermittents. Benoît pense
comme le collègue Chambérien qu’il est indispensable
de définir notre identité commune. Et échanger
peut-être sur ce qui à motiver notre choix conscient de
faire ce métier. Denis renchérit en disant qu’il lui
semble qu’au fond nous ne savons pas ou en tout cas nous ne
formulons pas assez clairement ce que nous voulons véritablement.
Et Guillaume(x ?) d’ajouter : « au fond
qu’est-ce qu’on défend ? » Peut-être
est-ce, ce que résume Benoît K. en parlant d’une
« quête identitaire » ? Odile
souhaiterait que l’on établisse une espèce de
catalogue des « revendications » ce à
quoi Patrick Zimmermann répond que justement un des rôle
du collectif, c’est de tenter de réunir un maximum de gens
pour précisément formaliser ces revendications. Denis
pense qu’un élément à prendre en compte est
une certaine tendance des intermittents à se sentir coupables
(privilégiés, Fraudeurs ?). Il estime qu’une
analyse de fond sur les accord FESAC et Roigt/Klein s’impose.
Patrick
Zimmermann est convaincu que si le régime était
véritablement attaqué par le MEDEF et le gouvernement
(via l’UNEDIC) il y aura un sursaut du milieu. Cependant il estime
nécessaire de ne pas attendre d’en être là pour
agir et donc qu’il y a nécessité de responsabiliser
les intermittents notamment en approfondissant notre réflexion
au sein du collectif. Celui-ci doit avant tout être un outil
pour définir clairement les axes de revendication estime
Michel Szempruch.
Un
débat s’ensuit sur le rôle et le fonctionnement des
commissions. Il en résulte les créations suivantes :
1.
RÉGIME, IDENTITÉ, LÉGITIMITÉ DES ANNEXES
8 ET 10
-
Responsable : Guillaume THIBAUD ( 04 76 43 09 54 -
guillaume.thibaud@free.fr
)
-
Élisabeth CALENDRY ( elisabethcalandry@wanadoo.fr
)
2. ANALYSE, EXPLICATION ET
CRITIQUE DE L'ACCORD FESAC ET DU RAPPORT ROIGT / KLEIN
-
Responsable : Catherine GARGAT ( cgargat@free.fr
)
(cette
commission ne comporte, pour l'instant, qu'un seul membre. Tout
nouveau participant sera le très bienvenu).
3.
LES « NON INTERMITTENTS »
-
Responsable : Odile SACCOMAN ( 04 76 96 55 88 - adaep@wanadoo.fr
)
-
Pierre SACCOMAN
-
Michel SZEMPRUCH La.resistance@infonie.fr
4.
OUVERTURE AUX POLITIQUES, DÉCIDEURS ET RESPONSABLES
-
Responsable : Patrick SEYER ( 06 88 17 38 09 -
Patrick.Seyer@wanadoo.fr
)
5.
SCÉNARIOS D'INTERVENTIONS VERS LE PUBLIC/ACTIONS
-
Responsable : Benoît KOPNIAEFF (06 76 86 64 84) kopniaeff.benoit@wanadoo.fr
Nous
avons convenu que ces titres étaient provisoires et qu'ils
pouvaient être modifiés ultérieurement, selon
l'avancement du travail des commissions.
-
Pourquoi des commissions ? Pour mieux comprendre et mieux se
mobiliser. Le fait de participer à une commission est une
excellente manière de se responsabiliser, de se positionner,
en tant qu'intermittent, et de se motiver dans une lutte nécessaire.
-
On peut très bien participer à une commission sans que
cela soit contraignant : l'échange de mails est, par exemple
un moyen très souple de travailler en groupe, entre deux
réunions.
-
Toute personne peut apporter sa contribution au travail de toutes les
commissions, sous forme de suggestions ou de réflexions
personnelles (par mail, par exemple).
LA
PROCHAINE REUNION DU COLLECTIF AURA LIEU
MERCREDI
16 AVRIL
12/14
heures
(Sans
doute au petit angle à préciser)
Ordre
du jour
Premiers
rapports des commissions
Pour
le collectif/ Patrick SEYER
PS :
Bien que les organisations syndicales nationales n’aient pas reçu
de convocations officielles, il semblerait que la
« négociations »
au sein de l’UNEDIC destinée à réformer le
régime de l’intermittence se tienne plus tôt que
prévue, à savoir fin avril/début mai. La
commission 5 va vite avoir du boulot ! ! !
6
3ième
réunion du collectif culture
Compte
Rendu
Le
16 avril 2003
Cher(e)s
ami(e)s,
Nous
étions environ 26 au petit angle.
Tout
d’abord le point sur les 5 commissions qui se sont mises en place
lors de la 1ère réunion, à savoir :
1°
Les intermittents et les Annexes 8 et 10 (Guillaume, Elisabeth et
Christian)
2°
Liens avec les artistes et techniciens non intermittents (Pierre,
Odile et Michel)
3°
Action – Scénarios (Benoît et Pascal)
4°
L’accord FESAC et Le Rapport ROIGT/KLEIN (Catherine)
5°
Ouverture vers les politiques et autres décideurs (Patrick et
Patrick)
1°
Après un récapitulatif des droits des intermittents au
jour d’aujourd’hui (que vous pouvez vous procurer auprès
de Guillaume ou du SFA ).
LE
SAVIEZ VOUS ?
-
Les futures mamans doivent justifier d’au moins 200 heures avant la
conception du bébé pour être prise en charge !!!
Des conditions strictes existent également pour la maladie
-
Elisabeth met en place par le biais d’un questionnaire un sondage
sur la situation réelle de travail d’un artiste ou
technicien du spectacle vivant (que vous pouvez vous procurer auprès
d’Elisabeth ou du SFA ), afin de mieux connaître les
gens du métier par un comptage concret.
Patrick
Zimmermann met l’accent :
-
les Assedic ne veulent pas prendre en compte que l’on calculait nos
indemnités sur 75% de nos revenus parce que l’on payait des
impôts sur –25% …chose qui n’existe plus.Ce point doit
être détaillé.
-
L’Etat par ces mesures nous incite à déclarer moins
d’heures que l’on en fait réellement, cela nous
arrange…Pourquoi ???
-
Le travail réalisé est très souvent sous évalué
pour pouvoir être vendu !!
2°
Pierre fait le point
-
Les retraites : les indemnités journalières
sont calculées sur le nombre des heures déclarées.
-
On ignore le nbre de personnes travaillant sans être
indemnisées.
-
Il faut penser à un autre, un vrai statut professionnel
Il
étend aussi sa commission au thème suivant :
Quelle Culture défendons-nous ?
Patrick
S. pense qu’il faudrait créer une commission à part
entière pour ce vaste sujet.
Donc
tous ceux qui sont intéressés peuvent venir prêter
main forte à Pierre. En tout état de cause, il
semblerait que ce sujet d’importance capitale soit à penser
par chacun d’entre nous.
3°Benoît
et Pascal sont en train de penser des actions adaptables
en fonction du nombre de personnes présentes le jour J . Ils
développent aussi le " comment communiquer "
aux gens.
Ils
lancent un appel matériel : Faites parvenir une
liste du matériel que vous pourriez tenir à notre
disposition… (Sono, micros etc.)
4°Catherine
pense que certains éléments du rapport
Roigt/Klein peuvent jouer en notre faveur.Il faut les exploiter.
Patrick
S. pense que l’on s’égare par ce chemin et qu’il est
plus urgent d’en faire simplement un résumé… A vos
lunettes et donnez-nous votre avis. (Si vous souhaitez avoir ce
rapport : cgaragt@free.fr
)
Patrick
Z. souligne que l’Etat avait commandé 2 rapports avant
celui-ci et qu’ils sont restés enfermés dans un
placard de l’Elysée. Le MEDEF est contre leur utilisation
(on se demande pourquoi !!!). Il faut savoir que J.P Vincent a
participé à la rédaction de l’un d’eux. Il
nous semble important de les rechercher. Bérénice
suggère d’aller voir à L’OBSERVATOIRE DES
POLITIQUES CULTURELLES … Le premier arrivé prévient
les autres.
Elle
rappelle qu’un rapport est une étude et qu’un accord est
un document accepté parce que signé.
5°
Les deux Patrick sont intervenus très joliment et
très posément à la réunion de la RIDA
(Regroupement Inter Régionale pour la Diffusion Artistique)
exposant la situation dramatique de demain si on laisse faire le
MEDEF, leur demandant expressément de prendre position plus
fermement et plus ouvertement. Michel BELLETANTE les a clairement
soutenus et a proposé des lettres concrètes
adressées au ministre de la culture.
Patrick
Z. a également insisté sur :
Comment
l’UNEDIC peut-il se faire juge des valeurs Artistiques ?
L’importance
de la solidarité interprofessionnelle. Il a pris les
exemples de Gallota, Lavaudant et lui-même. Ils n’étaient
pas, au commencement de leur carrière, ce qu’ils sont
devenus. L’intermittence leur a permis d’y arriver !!!
(Patrick Z. Se propose de nous envoyer son discours.
Des
suites de cette intervention semble-t-il, nos deux Patrick ont été
invités à intervenir à la fin d’une commission
culturelle à la mairie de St Martin D’Hères. Première
victoire.
Quelques
remarques importantes
Muriel
Vernet rappelle que les grosses structures vont, par répercussion,
voire directement pâtir, elles aussi, des nouvelles mesures si
elles sont appliquées.
Claude
Gavazzeni (Claude, je te prie de m’excuser si j’ai écorché
ton nom) rappelle qu’il est très important de ne pas
exagérer la situation surtout lorsque l’on pose des
chiffres.
Conclusion
Le
travail de ces commissions nous permet petit à petit de voir
plus clair dans cette forêt d’informations de situations et
de contextes divers et variés. Il est évident qu’on
en sera plus fort !
Tous
ceux qui ont envie de faire des commentaires, d’apporter leur
contribution quelqu'elles soient sur ces sujets, sont les bienvenus
par le biais d’Internet, au SFA ou directement aux copains
ayant accepté d'initier le travail des commissions si
leur intervention est précise. Une liste des contacts-mails
pour chaque commission est rappelée ci-dessous.
Et
merci à tous ceux qui participent de près ou de loin à
ce travail.
Catherine
GARGAT
PS:Vous
trouverez, ci-dessous, les contributions des Patrick(s) S et Z dans
le cadre de leur commission :
Projet
de lettre aux directeurs de salle (Patrick Zimmermann) – avril 2003
(pas corrigée, pas envoyée)
Madame,
Monsieur,
Une
fois de plus, le régime qui permet aux intermittents du
spectacle de faire face aux difficultés inhérentes à
la précarité de leur métier est remis en cause.
Alors que le MEDEF, (interlocuteur des salariés au sein de
l'UNEDIC), préconise purement et simplement la disparition des
annexes 8 et 10 qui définissent les conditions selon
lesquelles ils peuvent être indemnisés en cas de
chômage, le ministre de la culture affirme publiquement qu'il y
a, en France, trop d'acteurs et de spectacles médiocres, et
cela non sans s'être engagé auparavant à ce que
notre spécificité professionnelle continue à
être prise en compte dans les éventuelles négociations
à venir.
Certes,
de nouvelles mesures se profilent à l'horizon, qui prennent
bien en compte cette spécificité, mais elles rendraient
si difficile l'accès aux indemnités de chômage
que, si elles étaient appliquées, plusieurs milliers
d'intermittents devraient définitivement renoncer à
exercer leur métier. Seuls, ceux qui travaillent le plus
pourraient être indemnisés pendant les périodes
chômées. De nouveaux calculs conduiraient, dans le même
temps, à la situation surréaliste suivante : donner
plus à ceux qui gagnent plus et rien à ceux qui gagnent
moins.
Une
nouvelle fois, nous voulons rappeler que, depuis de nombreuses
années, nous demandons que soient ouvertes de véritables
négociations réunissant TOUS les représentants
de nos professions et abordant, sans faux-semblants, TOUS les
problèmes soulevés par nos métiers et par notre
manière de travailler.
Outre
le fait qu'il soit dangereux et choquant de faire croire que l'UNEDIC
peut juger de ce qui, dans notre pays, est artistique et de ce qui ne
l'est pas, ainsi que de qui est artiste et de qui ne l'est pas, nous
pensons qu'à terme, c'est la culture qui fera les frais de
tels raccourcis.
Or
nous avons en commun, vous, directeurs de théâtres ou de
compagnies, et nous, artistes ou techniciens, le même désir
de défendre la notion de culture dans notre pays.
C'est
pourquoi nous vous invitons à nous soutenir, chaque fois que
vous le pouvez, auprès des instances, des pouvoirs de tutelle
que votre statut vous permet de côtoyer, soit de vive voix,
chaque fois que l'occasion s'en présentera, soit par écrit.
Mais
nous serions heureux, aussi, qu’un ou deux d’entre nous puissent
vous rencontrer pour mieux vous expliquer ce que nous croyons
nécessaire, pour entendre votre avis ou vos suggestions et
savoir ce que, de votre côté, vous estimez nécessaire.
Nous
portons enfin à votre connaissance le fait qu'à
Grenoble, un collectif vient de se former, réunissant tous les
professionnels du spectacle qui le veulent bien mais aussi tous ceux
qui, de près ou de loin, se sentent concernés par ces
problèmes et/ou qui veulent en débattre avec nous. Ce
collectif, pour le moment, organise son travail en différentes
commissions. À votre demande, et si vous nous fournissez une
adresse email, nous nous ferons un plaisir de vous communiquer le
résultat du travail de ses commissions auxquelles vous êtes
vivement invités à vous joindre, même de manière
« intermittente ».
Dans
l’attente de vous rencontrer très prochainement ou d’avoir
bientôt de vos nouvelles, nous vous prions, Madame, Monsieur,
de recevoir nos salutations les plus cordiales.
Patrick
Zimmermann pour le Collectif Culture
Lettre type en direction des élus et des
responsables politique
(Patrick Seyer) – avril 2003. (pas corrigée, pas envoyée)
Madame,
Monsieur,
Le
(la) maire, députée, Conseiller(e) général(e),
Régional(e), Sénateur (trice), Député(e)
Les
artistes, techniciens, administratifs du spectacle vivant et
enregistrés sont très inquiets et même pour
certains angoissés. Ceci à plusieurs titres. Les
propositions de réforme du régime d’indemnisation
spécifique des Intermittents du spectacle (annexes VIII et X) telles
qu’elles ont été formulées par les deux
inspecteurs ROIGT et KLEIN, à la demande respective des
Ministres FILLON et AILLAGON, sont absolument délétères
pour nos professions. Nous vous les résumons brièvement.
Pour
obtenir des conditions d’indemnisation presque semblables à
celles actuellement en vigueur il faudrait justifier de 63 cachets au
lieu de 43. Lorsqu’on sait que d’ores et déjà 35%
des artistes ne parviennent pas à atteindre le seuil des 43
cachets, on imagine les conséquences désastreuses des
« mesures » préconisées.
En
effet, et sans aucune exagération de notre part, un simple
calcul montre que l’application de ces « recommandations »
conduirait, pour environ 50% des Intermittents à une
diminution de plus de 40% ( !) du montant des indemnités
actuelles. Sachant que 50% des Artistes actuellement indemnisés,
perçoivent mensuellement entre 3700 et 8700 F, il est
évident que cette mesure conduirait à leur exclusion
pure et simple de la profession. Qui en effet peut vivre avec de tels
revenus lorsqu’il est en période de non travail ? (Nous
reviendrons sur cette notion de non travail). A l’évidence
c’est à la mise en place d’un véritable processus
de précarisation extrême que nous assistons.
Avec
cette même logique comptable, plus proche de celle d’un
manager de multinationale que de fonctionnaires ayant à se
préoccuper de chômeurs chroniques, le rapport préconise
un scandaleux « dégraissage » des ayant
droits, en excluant nombre de professions, notamment dans le secteur
technique et administratif qui y avaient accès.
En
fait il apparaît clairement que ne seront désormais
indemnisés valablement que les professionnels travaillant
beaucoup et ayant des salaires élevés. C’est encore
amplifier la « fameuse » fracture sociale que
d’aucun nous semblait avoir placer au centre de ses préoccupations
politiques !
Mais
ces inquiétudes, d’ordre corporatif, ne sont pas les seules,
loin s’en faut. La disparition programmée d’une majorité
d’artistes, ne pouvant vivre et travailler que grâce à
ce régime qui tient compte de la spécificité de
ces métiers, auraient des conséquences mortelles, et
nous pesons nos mots, sur la vie culturelle de notre pays. Une des
caractéristiques de la toute aussi fameuse « exception »
culturelle repose, entre autre sur l’existence de ce régime.
Hormis les « grosses » structures, l’immense
majorité des créations artistiques qui se font en
France ne peuvent exister que parce que pendant les périodes
dites de non travail les artistes intermittents sont financièrement
soutenus. L’exclusion d’une majorité d’entre eux,
conduira inévitablement, à une réduction
considérable des offres culturelles. Et lorsque nous disons
offres culturelles, nous ne pensons pas uniquement aux spectacles ou
aux productions audio visuelles stricto sensu, nous pensons à
cette multitude d’actions artistiques qui se font journellement
partout en France, souvent dans tel ou tel petit village, dans les
écoles, les ateliers pour amateurs, les institutions diverses
(Hôpital, lieux de détention etc.).
Et
puis gardons toujours en mémoire la question suivante :
Comment et dans quelles conditions, tel ou tel artiste, qu’il soit
metteur en scène, chorégraphe, comédien,
chanteur ou danseur, aujourd’hui, célèbre, reconnu, a-t-il
débuté ? Que serait-il (elle) devenu(e) si
à l’aube de sa carrière des conditions économiques
déplorables l’avait conduit à abandonner ? Avec
le projet gouvernemental ce n’est pas seulement le présent
ou le futur proche qu’on casse, c’est tout l’avenir culturel
de notre pays que l’on hypothèque. Pense-t-on vraiment que
les pièces de Shakespeare, de Koltès ou de Lagarce
devront désormais être sponsorisées par Coca Cola
pour qu’un metteur en scène les monte ?
Confronté
à ces problèmes, notre ministre de tutelle démissionne
littéralement de ses responsabilités. Il nous renvoie
aux « négociations » des partenaires
sociaux, en clair au MEDEF, dont on connaît l’attachement
profond à la culture et à l’art, a fortiori pour
une culture s’adressant à la majorité de nos
concitoyens. Souvent propriétaires ou très liés
financièrement aux chaînes télévisées
privées, on voit ce que cela donne !
Si
nous ne sommes pas vraiment surpris des propos injurieux, méprisants
et arrogants tenus par certains responsables du MEDEF, assez
coutumier du fait, nous avons été très blessés
par ceux de notre Ministre de tutelle disant que trop de productions
étaient médiocres dans ce pays, laissant entendre que
l’exclusion de nombreux artistes n’était en fait pas si
dramatique que cela, puisque cela permettra de se débarrasser
des « mauvais ». Dans le même temps il
renvoie les organisations syndicales et les professionnels aux
négociations « des partenaires sociaux »
c’est à dire à l’UNEDIC. Il justifie donc une
« épuration » sur des données
comptables. Monsieur AILLAGON semble donc, de façon tout à
fait irresponsable pour un ministre, déléguer à
l’UNEDIC une prérogative de juge de la valeur artistique,
d’une compagnie, d’un créateur. Depuis quand cet organisme
est-il investi de ce rôle ? C’est totalement scandaleux.
Un
organisme d’état et lui seul à cette fonction, il
s’agit des DRAC, et là, le moins que nous puissions dire
c’est que cette fonction elle l’assume avec une rigueur
redoutable !
Notre
attitude n’est pas guidée par une mentalité de
parasites, ayant découvert « la poule Assedic aux
½ufs d’or ». Elle est tout au contraire celle de
salariés responsables, n’ayant qu’une seule exigence ;
travailler et pouvoir vivre de leur art. Ce dernier point nous
permet de revenir sur les périodes dites de non travail
mentionnées plus haut. Quiconque a travaillé avec un
artiste sait quelle somme de travail a du être réalisée en amont de
tout spectacle professionnel : La documentation, la
mémorisation, les réunions préparatoires avec
partenaires et décideurs, les rédactions de dossiers,
les répétitions mal ou pas payées, les
transports, les montages et démontages etc. Dire comme
certains journalistes à l’évidence mal intentionnés
(ou s’étant mal informés ce qui est un signe de
médiocrité professionnelle pour ce métier! ! !)
que les intermittents ont a travailler très peu pendant 12
mois, pour être largement indemnisés, les douze mois
suivants est un raccourci mensonger pur et simple, une déformation
malveillante de la réalité. Une simple remarque pour
étayer notre propos. Lorsque Monsieur PUJADAS de France 2,
dont le salaire soit dit en passant excède et de loin, notre
plafond d’indemnisation, dit au J.T. de 20 h qu’il suffit de
travailler 507 heures (43 cachets, soit environs 3 mois) pour être
indemnisé 12 mois, il ment. Car l’année suivante pour
conserver le régime d’intermittence, il faut à
nouveau travailler impérativement 3 mois, pendant lesquels, et
c’est normal l’intermittent n’est pas indemnisé. Donc,
déjà les 12 mois deviennent 9 ! et cela chaque
année, même après trente ans de carrière !
Ce simple exemple, et nous pourrions en donner d’autres, rajouté
à toutes les tâches préparatoires dont nous
parlions plus haut, nous amène résolument à
rejeter avec la plus extrême fermeté et colère,
toute cette propagande malsaine visant à présenter les intermittents
comme de vulgaires profiteurs et des privilégiés
irresponsables. S’il existe des aigrefins dans notre beau pays, ce
n’est certainement pas là qu’il faut les chercher !
Pour
conclure, notre collectif, en accord avec les positions des syndicats
qui en sont membres, s’inscrit au contraire dans une démarche
totalement responsable et digne.
Nous
pensons que les problèmes posés, et qui sont réels, par le régime de
l’intermittence, ne peuvent en aucune
manière être traités à « l’arrachée »,
comme ils voudraient le faire, par le MEDEF et certaines
organisations non représentatives de notre milieu. Surtout
quand on sait que ces « partenaires »
présentent plutôt des « oukases »
que de véritables propositions responsables.
C’est
pourquoi nous faisons nôtre la proposition de la Fédération
du spectacle CGT qui demande, en préalable à toute
« négociation » au niveau de l’UNEDIC,
l’ouverture de discussions de fond sur la Politique Culturelle
Nationale et la gestions des salariés qui y travaillent. Ces
discussions pouvant servir d’éléments réalistes
et concrets pour l’élaboration au niveau de l’Assemblée
Nationale d’une Loi d’Orientation et de Programmation. Il est
évident que nous ne mettons aucun préalable sur les
thèmes qui seraient abordés dans ce cadre. Oui, le
régime doit être actualisé, oui, des
améliorations doivent y être apportées, oui nous
sommes ouverts à toutes proposition. D’ailleurs l’ensemble
des syndicats de salariés et des employeurs de la profession
ont travaillé un an dans ce sens. Travail qui s’est conclu
par un accord signé unanimement: accord connu sous le nom
d’accord FESAC. Pourquoi le MEDEF, qui avait mandaté deux
de ses syndicats de catégorie dans ses discussions, et qui
avaient eux aussi signé, a-t-il jeté cet accord aux
oubliettes ?
Nous
sommes convaincus que les motivations et les intérêts du MEDEF et des
ses alliés au sein de l’UNEDIC, ne sont
pas, objectivement, ceux des élus que vous êtes, et
ceci quelle que soit votre appartenance politique. Hommes et femmes
de terrain, partenaires des artistes à l’occasion de
manifestations culturelles dans votre village, votre ville, votre
département ou votre région, vous savez que l’image
que le MEDEF et certains media veulent donner de nous est fausse.
Par
contre nous sommes intimement persuadés que vos motivations
et vos intérêts, ne sont pas aussi éloignées
des nôtres que d’aucun voudrait le faire entendre.
Nous
sommes aussi persuadés que nombre de vos choix en terme de
Politique culturelle sur le plan local seront anéantis si
cette réforme venait à passer.
C’est
parce que nous sommes persuadés de tout cela, qu’au nom du
Collectif.Culture, nous nous adressons à vous aujourd’hui,
d’une part pour solliciter une rencontre si vous l’estimez
nécessaire pour approfondir tel ou tel point évoqué
dans ce courrier, et d’autre part, vous demander de nous soutenir,
comme l’on déjà fait certains élus. La forme
de ce soutien évidemment vous appartient, mais l’enjeu dont
il est question ici, nous semble d’une telle gravité, que
nous nous sentons autorisés à vous dire, qu’un tel
soutien rentrerait totalement dans vos mandats d’élus.
En
vous remerciant à l’avance de l’attention et de la suite
que vous voudrez bien donner à cette lettre, nous vous prions
de recevoir, Madame, Monsieur le (la) ……………………. nos
respectueuses salutations.
Patrick
Seyer, pour le Collectif Culture
Intervention
de Patrick ZIMMERMANN et Patrick SEYER à la réunion de
la RIDA* le 10 avril 2003 au nom du Collectif culture
P.
Z.
Rappel
sur la nature de notre intervention :
-
Il ne s'agit pas d'une intervention musclée.
-
Nous n'avons pas la prétention de vous apprendre quoi que ce
soit sur votre métier ou sur la situation des intermittents.
-
Nous n'avons, a priori, pas d'intérêts communs, mais nous
sommes sur le même bateau. Nous avons, en particulier, le même désir de
défendre la notion de culture dans notre pays.
P.
S.
Description
de ce qui est nuisible dans le rapport Roigt / Klein.
Pourquoi
sommes-nous en pétard ?
Depuis
des années l’UNEDIC via le CNPF devenu MEDEF n’a eu de
cesse de revenir sur le régime spécifique
d’indemnisation chômage des Intermittents du spectacle
Je
n’en ferai pas l’historique rassurez-vous !
Je
me
contenterai de rappeler la dernière période 2000/2003
-
Tentative de putsch du MEDEF
décidant purement et simplement de ne plus mentionner les annexes 8 et
10 dans le règlement général de l’UNEDIC. Créant ainsi ce qu’il a été
convenu d’appeler le vide juridique. Putsch contrecarré par
notre acharnement à faire voter une loi rétablissant ces annexes
-
Rejet pur et simple des
accords FESAC signés par l’ensemble des organisations syndicales et
des employeurs des professions du spectacle. Suivi du sacrifice de cet
accord, qui avait demandé 2 ans de travail, sur l’autel de la
refondation sociale du MEDEF.
-
Tentative du MEDEF de faire
passer les intermittent de leur régime spécifique à celui d’intérimaire
-
Plus récemment, disons depuis
l’élection présidentielle, c’est sans aucun doute un hasard,
accélération des attaques : augmentation scandaleuses des cotisations
Assedic et en ricochet des Congés spectacles.
-
Enfin publication du rapport Roigt
/Klein diligenté par les Ministres Fillon et Aillagon
Résumons
ce rapport. Nous avions demandé une expertise quant aux
divergences nous opposant à l’UNEDIC sur les données
chiffrées. Ce rapport est allé beaucoup plus loin. Il
est long et complexe je n’en extrairai que 3 aspects
-
Données comptables. Les deux
rapporteurs confirment l’existence du « trou » entre les
rentrées de cotisation et les indemnités versées aux intermittents. Mais
nous continuons à contester l’amplitude de ce « trou » Le
rapport montrant à ce niveau d’évidentes faiblesses. Les commissaires
reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes qu’ils ont manqué de temps pour
faire une analyse exhaustive.
-
Ils insistent lourdement, très
lourdement même, sur les dysfonctionnements structurels du système qui
ouvre la porte à la fraude et au détournements de cet outil par
les salariés mais aussi par les employeurs
-
Ils proposent une solution
uniquement comptable pour rééquilibrer les comptes. Aucune
réflexion de fond n’est en effet proposée.
De
quelles solutions comptables s’agit-il ?
-
Exclusion du champ
d’indemnisation de nombreuses corporations
-
Séparation des
techniciens d’une part et des artistes et réalisateurs d’autre part.
Les premiers glissant à terme vers le régime général
-
Enfin conditions
d’obtention de l’ouverture des droits beaucoup plus drastiques
et/ou indemnisations nettement plus faibles comparées au régime actuel.
La
conséquence de telles mesures, si elles étaient
appliquées, et c’est le désir de l’UNEDIC, serait
l’exclusion de très nombreux intermittents actuellement
indemnisés, ce qui bien plus tragiquement encore les
amènerait à court terme à abandonner le métier.
Exclusion
que semble justifier le ministre de la Culture, en disant qu’il
y a de toute façon beaucoup trop de productions médiocres
dans ce pays, sous entendant par là que les quelques 50 000
exclus selon nos estimations, sont des médiocres. Nous
seulement c’est faux mais c’est une déclaration stupide
dans la bouche d’un ministre.
Pour
résumer les propositions des deux rapporteurs nous pouvons
dire, sans démagogie aucune, qu’elles conduisent au fait
suivant
« Plus
un artiste travaille et plus il gagne bien sa vie, plus importante
sera sa prise en charge par les Assedic »
C’est
pour toutes ces raisons que nous refusons les propositions qui nous
sont faites.
P.
Z.
Retour
sur la phrase de Jean-Jacques Aillagon : « il y a, en France,
trop d'acteurs et de spectacles médiocres ».
-
Nous savons tous, ici, ce que
c'est que de démarrer dans la profession du spectacle vivant ou de
l'audiovisuel ; soit par expérience personnelle soit que nous ayons
assistée à la naissance d'un artiste ou d'un groupe artistique.
-
Nous savons donc tous qu'à
leurs débuts, des artistes, des créateurs, ou des groupes artistiques
sont plutôt moins bons à leurs débuts qu'au bout de dix ans de
carrière. Encore faut-il qu'on les laisse arriver à dix ans de carrière.
-
Je ne suis pas, moi,
aujourd'hui, l'acteur que j'étais il y a trente ans. Et je n'aurais pas
tenu trente ans si la position de M. Aillagon avait initiée, à mes
débuts, ce qu'elle peut nous faire craindre aujourd'hui.
-
Rappelons-nous les débuts des
créateurs qui ont marqué la vie culturelle grenobloise sur ses trente
dernières années : Georges Lavaudant, Jean-Claude Gallotta, ou Chantal
Morel, Pascale Henry, Pascale Mengelle et bien d'autres. Quels furent
leurs débuts ? Que sont-ils maintenant ?
-
Un pays, une région, une
commune, une structure à vocation de diffusion ne se doivent-ils pas de
soutenir les créateurs débutants ?
-
Ce n'est pas à l'UNEDIC de
décider de qui est artiste et de qui ne l'est pas ; de ce qui est
artistique et de ce qui ne l'est pas.
-
Ce n'est donc pas en coupant
individuellement les vivres à des milliers d'artistes de techniciens
que l'on augmentera la qualité du spectacle vivant dans notre pays.
-
Rappelons qu'en tout état de
cause, il existe déjà un système pour sanctionner l'insuffisance
artistique : le subventionnement.
-
Des milliers d'artistes, de
créateurs ou de techniciens ne chôment pas parce qu'ils sont médiocres,
mais tout simplement parce qu'ils exercent un métier difficile.
Que
demandons-nous ?
D’une
façon générale nous souhaitons que s’ouvrent
préalablement aux rencontres syndicats/UNEDIC une
concertation avec le ministère afin de mettre sur la table
tous les problèmes liés à la politique
culturelle en France. C’est en ce sens de notre demande du vote d’une
loi d’orientation et de Programmation sur la culture.
C’est à l’occasion de la discussion de cette loi, et
parmi d’autres problèmes que serait traité le
problème spécifique des intermittents du spectacle,
indissociable d’une problématique plus globale. Clairement
le premier ministre nous a répondu par lettre qu’il n’en
était pas question et que c’étaient aux
« partenaires » sociaux de régler la
chose.
Cette
rencontre avec l’UNEDIC aura de toute façon lieu, et selon
des sources bien informées dès la semaine prochaine. Ce
que nous voulons alors c’est une discussion de fond et non pas une
discussion de 24 heures bâclée avec en guise de
négociations des oukases du MEDEF et malheureusement d’autres
syndicats y compris de salariés, la CFDT pour ne pas la
nommer.
Tout
ceci concerne nos organisations syndicales.
Mais
nous nous adressons aussi à vous aujourd’hui. Pourquoi ?
Parce
que nous pensons qu’il existe un socle commun d’intérêts
entre vous et nous. Pour parler d’une façon quelque peu
triviale je dirai que nous sommes persuadés que nous sommes
sur le même bateau je devrais plutôt dire sur la même
galère !
Nous
souhaitons que s’établisse un lien plus étroit
entre les artistes et les divers décideurs que vous
représentez et que, avec les formes qui seront les vôtres
vous formalisiez de façon la plus lisible possible votre
attachement à notre régime d’indemnisation. Non
parce que vous nous aimez bien, et que travaillant souvent ensemble
nous avons appris à nous estimer, mais parce que votre existence, nous
semble-t-il est d’une certaine manière structurellement liée à la
nôtre. Et que si nos
statuts sont différents, notre envie de défendre une
certaine idée de la Culture est commune et partagée. En
tout cas c’est ce que je crois. Et que j’appelle pour ma part de
tous mes v½ux.
*
Regroupement Interrégional des Diffuseurs Artistique. C’est
une structure qui regroupe tous les diffuseurs de spectacles du grand
sud-est. Rhône-Alpes et PACA.
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