Historique du Collectif Culture de Grenoble

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 LUNDI 24 mars 2003 22h20

 

Chèr(e)s ami(e)s,

 

Pas de nouvelles"nouvelles" de Paris. Même s'il semble que le ministère soit en train de constituer des "commissions" ad hoc pour concrétiser les "recommandations" du redoutable et délétère rapport ROIGT/KLEIN. Pas d'autres issues que de  continuer à maintenir la pression, nous bagarrer  et élargir nos luttes à l'ensemble de la profession

 

Je vous rappelle aussi que nous nous retrouvons  à 12 heures au petit théâtre 10 rue Pierre Duclot (près des Halles) le Jeudi 3 avril pour définir le fonctionnement et les objectifs du "collectif Isérois" qui se veut un regroupement très large et très ouvert de tous ceux qui veulent réfléchir à/ et agir pour/ une authentique vie culturelle dans ce pays. Il regroupe d'ores et déjà  des organisations syndicales, des compagnies, des personnes diverses liées à la Culture. Amenez suggestions et idées.

 

Patrick Seyer



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MERCREDI 26 mars 2003 8h30           

 

  

Réunion du Collectif

Un collectif regroupant les organisations syndicales, des collègues non syndiqués, des responsables divers, des compagnies et structures se met en place et tiendra sa seconde réunion le :

 

JEUDI 3 AVRIL 12 heures

Petit Théâtre

Rue pierre Duclot

(Près Place des Halles)

 

Ordre du jour

Un collectif: Pourquoi? Qui? quoi? comment? où? quand?

 

 

J'invite notamment toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas forcément dans toutes les actions que nous menons, qui parfois, et c'est légitime les critiquent, à venir DICUTER avec nous et PROPOSER. Rien n'est pré-établi. Mais un positionnement systématiquement négatif, une philosophie "y faut, y a qu'à"  ne fait pas vraiment avancer le Schmilblick.

Inviter un maximum de gens à venir à cette réunion.

 

PJ: le tract SFA et une analyse de Patrick Zimmermann.



De l’art de bâillonner la parole… (Tract)


Il n’y a pas de démocratie sans agora, pas d’agora sans théâtre. La démocratie est fille de la parole, la parole s’exerce dans l’art sous toutes ses formes.


Nous, artistes et techniciens du théâtre, de la danse, de la musique, de la télévision, du cinéma et de l’audio visuel, sommes en colère de voir que le Ministre de la Culture considère que l’avenir de nos professions relève uniquement de l’UNEDIC.Au 20 mars 2003, il refuse d’envisager la tenue d’une concertation nationale que nous réclamons depuis plusieurs années.


Si une telle politique se met en place, les professionnels du spectacle perdront une telle partie de leurs revenus que beaucoup d’entre eux ne pourront plus exercer leur métier. Dans les jours qui suivront, ce sont les petits lieux de spectacle et de diffusion, ainsi que les petites compagnies qui fermeront leurs portes.


Nous demandons que le gouvernement engage une concertation nationale aussi bien sur l’avenir de la culture que sur l’avenir des intermittents et que, dans l’attente, soient maintenus nos droits à être indemnisés par les ASSEDIC.


La culture est l’affaire de tous : un monde sans rêve est un monde qui meurt.




Syndicat Français des Artistes-CGT, section Grenoble Isère

04 76 23 56 31 et sfa-cgt.grenoble@wanadoo.fr




La petite phrase de Jean-Jacques Aillagon


Monsieur Jean-Jacques AILLAGON, ministre de la Culture déclarait récemment qu’il y avait en France « trop de compagnies et trop d’artistes médiocres ».

En pleine crise du régime des intermittents, une telle affirmation est lourde de sens. Monsieur AILLAGON cherche purement et simplement à légitimer par avance toute atteinte éventuelle (et très prévisible) au système de protection des professionnels du spectacle.

On peut bien sûr revenir sur la notion de qualité en matière de spectacle ; encore faudrait-il le faire en profondeur, avec sincérité et après force débats et réflexions, rapprocher par exemple le travail d’un très grand nombre de petites compagnies et le véritable impact de ce travail sur le plan local et social.

Mais il est vrai qu’en matière de recul social, le gouvernement n’en est pas à son premier coup d’essai : ne vient-il pas de supprimer la gratuité des soins médicaux pour les plus pauvres ? (*)

Monsieur AILLAGON se pose donc en assainisseur du paysage culturel français et essaye de faire croire à l’opinion publique qu’en coupant les vivres à plusieurs milliers d’artistes et techniciens, il éliminera les compagnies prétendument médiocres et augmentera la qualité du spectacle vivant.

Le Ministre de la Culture semble oublier ceci : d’une part la médiocrité n’est pas ce qui fait chômer l’immense majorité des artistes et techniciens, d’autre part, s’il veut vraiment abréger l’existence de certaines compagnies artistiques et réduire leur nombre, le procédé pour y parvenir existe déjà, et depuis longtemps : c’est le subventionnement. Cela fonctionne remarquablement (encore que tout dépende de quel côté on se place) et peut même, le cas échéant, faire merveille en matière de censure.

L’amalgame fait entre la survie des intermittents, en tant qu’individus, et celle des compagnies artistiques, en tant que structures, l’idée qu’en asphyxiant les uns on épurera les autres, relèvent d’une logique choquante et inquiétante.

Rappelons-nous la caricature qu’un journaliste de France 2 faisait, il y a quelque temps, des intermittents du spectacle, les présentant comme des enfants gâtés qui coûtent cher au contribuable. Cela vous avait un vieux relent de populisme. Comme on fait son lit, on se couche. Souhaitons d’autres draps que ceux de la démagogie à notre Ministre de la Culture.

Il est fallacieux et pervers de faire croire que le maintien en vie de milliers d’intermittents – car il s’agit bien de cela - est incompatible avec le niveau artistique d’un pays.

Ces derniers temps, les intermittents du spectacles s’entendent beaucoup dire (en particulier dans les antennes ASSEDIC) qu’ils ne sont pas rentables. La belle trouvaille que celle-ci, à l’époque de la globalisation et de l’argent roi ! La solidarité devrait donc désormais céder le pas à la rentabilité. Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas demander aux personnes âgées et aux malades de longue durée d’être rentables ? Assez ! Il y va de la dignité des citoyens et d’un gouvernement dont les responsables s’abaisseront, chaque fois qu’ils tenteront de dresser ces mêmes citoyens les uns contre les autres, en leur faisant croire que certains d’entre eux vivent aux dépens des autres.

La solidarité n’est pas affaire de rentabilité, elle est affaire de république.


Patrick Zimmermann – 3 mars 2003


(* Cette décision, concernant les sans-papiers, a été reportée. Se référer au site de Médecins Sans Frontière)


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MERCREDI 2 avril 19h30

 

Cher(e)s collègues

Suite à la réunion de l'ADAEP du 11 mars où les professionnels présents ont décidé de mettre en place un collectif regroupant les organisations syndicales mais aussi tous ceux qui souhaitent réfléchir, proposer, agir, nous avons été mandatés (le SFA)  pour organiser la première réunion qui se tiendra rappelons le

 

JEUDI 3 avril

12 heures

au petit Théâtre

4, Rue Pierre Duclot

(Près des Halles)

Voici ce que nous proposons comme base de départ concernant les thèmes à aborder:

        *la question de l'identité de l'intermittence, en revenant en premier lieu sur ce que ce mot " intermittence " impliquait ; en particulier, l'intermittent se définit-il seulement par un droit à être indemnisé lorsqu'il ne travaille pas, où se définit-il par son choix d'être artiste (ou d'exercer un métier en rapport avec l'art), avec ce que cela implique : choix de vie, mais aussi choix de la précarité. Il nous est finalement apparu que l'appellation d'intermittent n'était peut-être pas la meilleure appellation qui soit, en ce sens où elle tend à ne faire considérer nos professions que sous un angle " comptable " d'obtention, de calcul et de maintien d'indemnités.

Le plus souvent, nous sommes intermittents parce que nous ne pouvons pas nous empêcher de l'être, parce que nous ne pourrions pas faire une autre profession que celle que nous avons choisie.

Dans d'autres pays que la France, où les droits sont soit minimes, soit inexistants, il existe quand même une culture. Pourquoi ? Comment cette volonté de culture arrive-t-elle à s'exprimer ? Pourquoi, quelles que soient les circonstances et les adversités, la nécessité d'une expression culturelle persiste-t-elle ?

L'intermittent est un artiste, un technicien, un travailleur du spectacle, mais c'est aussi un citoyen.

            *réfléchir sur le pourquoi de la démobilisation chez les intermittents. Nous nous sommes dit qu'une des causes possibles à cette démobilisation pouvaient être le fait que l'intermittent se sente à l'ultime extrémité d'un processus, coupé de tout ce qui peut se situer en amont, sans aucun moyen de le comprendre ou d'agir dessus, renonçant finalement à se battre, se sentant victime d'une fatalité.

Pour tenter de remédier à cela, nous devrions peut-être nous requestionner sur le sens de nos choix et la nature de notre travail ; d'où la nécessité, à notre sens, d'une réflexion sur la culture, sur ses objectifs, sur le public etc.

            *Pour se donner quelque chance d'efficacité et de réussite, nous en sommes arrivés à l'idée que le futur collectif devrait être constitutif d'un certain type de fonctionnement ; par exemple en s'organisant sous forme de commissions. Celles-ci resteraient à définir, mais nous avons déjà évoqué quelques pistes de travail possibles, comme : " La question de l'efficacité, les actions à entreprendre et comment les organiser ", " L'historique de l'indemnisation des intermittents ", " La question de l'éthique et ce que c'est qu'être intermittent ", " La politique culturelle, sur le plan local, national et international ", " L'interpellation des partenaires culturels "...

Pourquoi ces commissions ?

Pour mieux comprendre, pour se mobiliser, pour infléchir.

Ce que sera cette première réunion du collectif, nous ne pouvons le savoir mais nous ne sommes tout de suite accordés sur la nécessité qu'elle soit très organisée, aussi éloignée que possible des habituelles A.G. informelles. Si nous ne sommes pas trop nombreux, l'idéal serait de s'organiser en table ronde, avec un président de séance rigoureux. Nous avons aussi tous été d'accord pour souhaiter que cette réunion se fasse dans le souci d'éviter toute agressivité.

Nous souhaitons très vivement que TOUS CEUX qui de près ou de loin sont lié à la culture: artistes, techniciens, administratifs, élus, directeurs de structures etc. participent à cette première réunion constituante.

Patrick Zimmermann, Jean-Christophe Houde,Catherine Gargat, Patrick Seyer, Bérénice Doncque.

 

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3 avril 2003 - Lancement du Collectif


Salut à tous

 

En résumé de cette super réunion du collectif, pour une première c'est plutôt prometteur...

Ci dessous Ce qui m'a semblé important de noter :

 

 

 

Pourquoi ce manque de motivation ?

  1. C'est comme toujours, ça passera et on gardera nos avantages

  2. Certain espère par ces nouvelles mesures, un assainissement de la profession

  3. L'intermittent de base est précaire et s'est toujours démerdé donc il continuera...

  4. On se sent privilégié donc coupable

Comment agir ?

  1. Informer le public et les participants aux stages, formations et autre

  2. Donner une réalité chiffrée

  3. Faire prendre conscience à la profession (les danseurs, musiciens, théâtreux, vidéastes etc.) de notre identité commune (nous sommes tous en recherche d'emplois permanente- on travaille au quotidien en ne déclarant que les jours payés - on est nombreux dans la précarité...et il y en à probablement d'autres)

  4. Que les techniciens deviennent intérimaires

 

Les solutions

  1. Un minimum pour tous

  2. Des moyens supplémentaires, plus de subventions pour aller au bout de projets, de recherche artistiques.

Catg



Vendredi 4 avril 2003, 8 h 25


Bonjour à tous,


C'est vrai que cette première réunion du Collectif a été prometteuse est encourageante. Le plus dur reste cependant à faire ; il nous faudra veiller et travailler pour que cet enthousiasme aille plus loin (beaucoup plus loin...) que celui que l'on manifeste toujours au début d'une entreprise. Nous pouvons y arriver.


Je crois beaucoup, quant à moi, à la progression méthodique, fût-elle à petits pas.


Merci, Catherine, pour tes premiers commentaires ; cela nous permet d'affiner et de progresser.


Au sujet du manque de motivation


Je trouve que les points 1, 3 et 4 soulevés par Catherine sont très importants ; ils soulignent ce curieux immobilisme qui semble exister chez les intermittents et qui consiste à la fois à essayer de résister au pire (qui est à venir) et à préserver ses propres acquis. Je crois qu'il y a ici un point très important à méditer entre nous. Nous avons d'ailleurs déjà commencé à le faire. Cela concerne, au fond, le problème de l'identité de l'intermittent : se considérer comme détenteur d'un statut (en comptant ses heures et ses indemnités), ou se considérer comme un citoyen ayant choisi un mode de vie spécifique, nécessitant une réflexion « de citoyen ».


Je trouve que le point 2 soulevé par Catherine demande à être développé. Est-il à mettre en rapport avec ce que j'appelle « la réflexion de citoyen » ?



Au sujet de « comment agir ? »


« Informer le public », « faire prendre conscience à la profession » : se sont bien des nécessités que nous avons mises en évidence, au cours de cette première réunion ; il nous reste maintenant à trouver comment répondre à ces nécessités de manière efficace. Le travail des commissions devrait le permettre.


Je souligne, à ce sujet, l'extrême importance de garder toujours en tête le souci d'efficacité et de l'objectif à atteindre dans le travail des commissions ; surtout, ne pas réfléchir pour réfléchir, dans le vide...


Attention au point 4 : l'idée de passer intérimaire, pour les techniciens, n'est pour le moment qu'une possibilité évoquée par Raymond ; nous n'avons aucune certitude que ce soit, là, un but à atteindre. Il nous faut vérifier si une telle modification serait au bénéfice des techniciens ou à leur détriment.




Au sujet des solutions


Les points rappelés par Catherine sont encore trop larges, ce qui est bien normal puisque nous n'en sommes qu'au début d'un travail.


Sur le plan de la nécessité de plus de subventions pour aller au bout de nos projets et de nos recherches artistiques, je crois que se pose ici la question de : « le chômage sert-il à payer les répétitions ? », ainsi que toutes les questions attenantes.


Cordialement à tous.


Patrick Z.





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Collectif des Professionnels du spectacle.

Compte-rendu de la 2eme Réunion 3 avril 2003

(Réalisé par Patrick SEYER au nom du collectif)


Ce Collectif qui regroupe des syndicats et des « individuels » a vu le jour le 11 mars. Cette seconde réunion avait pour but de préciser ses objectifs et de mettre en place un certain nombre de commissions.


Compte-rendu (résumé et aussi fidèle que possible) des diverses (et nombreuses) interventions. Quand les personnes me sont connues je les cite sinon….


Patrick Zimmermann fait un mini historique de ce collectif et rappelle ses objectifs : entamer une réflexion de fond sur nos métiers et la défense de ceux-ci et s’ouvrir à un maximum de « partenaires ». Il rappelle que ce collectif est né d’une initiative de l’ADAEP. et rend hommage aux analyses faites en leur temps par la coordination.

Odile Saccoman donne lecture du compte-rendu de la première réunion. Suite à cette lecture/présentation, Patrick Seyer demande à ce que l’on soit très attentifs au niveau de la forme à ne pas apparaître comme des défenseurs/admirateurs des contrats précaires type CES/CEC etc… opinion que partage Michel Szempruch. Il ajoute que le compte rendu donne l’impression d’un antagonisme syndiqués/non syndiqués, au sein du collectif, ce qu’il récuse. Odile précise les choses et insiste ensuite sur la nécessité qu’il y a à intégrer dans le collectif un certain nombre de créateurs qui se positionnent en marge d’une « certaine culture officielle »

Pierre Saccoman réaffirme le caractère gravissime des projets de réforme du régime des intermittents. Il pense que ce n’est pas une « simple » attaque comme nous en avons déjà connu, mais d’une remise en cause fondamentale de nos métiers, des petites structures et de la culture dans ce pays. Il estime que la difficulté à mobiliser le milieu tient à plusieurs facteurs : la guerre, le fait que beaucoup pensent que bon an mal an le régime ne sera pas fondamentalement changé, enfin qu’il existerait un certain nombre d’artistes pensant que ce régime est tellement « merdique » qu’il n’est peut-être pas totalement injustifié d’en changer. Pierre estime qu’il faut diriger préférentiellement nos explications en direction des usagers directs : stagiaires, public etc…

Un technicien s’interroge quant à lui sur la pertinence du régime de l’intermittence pour sa profession étant donné le nombre d’heures non payées qu’ils sont très souvent amenés à faire. Peut-être un véritable régime d’intérimaire serait-il plus avantageux en fin de compte ? Denis (Compagnie Deblok.Manivelle) de Chambéry fait état de la création d’un collectif et d’une réunion regroupant un maximum « d’acteurs » de la culture. (Artistes, décideurs, politiques). Il nous fait part d’une réunion où les professionnels présents ont examiné de façon concrète leurs conditions de vie (salaire, temps de travail etc.…). Il a noté que le milieu semble beaucoup s’auto censurer, considérer que devenir de plus en plus pauvre est admis voire normal. Il a insisté sur ce qui lui semble être une dominante dans notre milieu à savoir que l’outil « naturel » anti-précarité c’est  « la démerde ».

Benoît Kopniaeff insiste sur la formidable désinformation dont nous sommes victimes. Comme Denis il pointe la nécessité qu’il y a à parler de notre travail au « quotidien ». Il pense que nous devons rechercher des données chiffrées les plus précises possibles et ne plus rester dans des estimations vagues. Patrick Zimmermann mentionne les situations professionnelles catastrophiques dans la majorité des autres pays. (Belgique, Espagne).

Michel Szempruch estime que notre milieu est très hétérogène et qu’il y a nécessité de trouver un dénominateur commun permettant de rassembler un maximum d’artistes pour des actions positives. Il voit trois domaines de « rassemblement » :

- La lassitude de la précarité

- Le besoin d’un revenu minimum décent

- Avoir de « vrais » moyens pour développer des actions culturelles.

Odile Saccoman insiste à nouveau sur la nécessité d’intégrer la frange « underground » des artistes qui refuse la « culture traditionnelle » et même le régime de l’intermittence.

Denis trouve que l’aspect « réflexion » du collectif est certes important mais qu’il n’est pas forcément mobilisateur. Il pense que pour vraiment mobiliser il faut actuellement prioritairement et assez ponctuellement se battre sur la défense du régime des intermittents. Benoît pense comme le collègue Chambérien qu’il est indispensable de définir notre identité commune. Et échanger peut-être sur ce qui à motiver notre choix conscient de faire ce métier. Denis renchérit en disant qu’il lui semble qu’au fond nous ne savons pas ou en tout cas nous ne formulons pas assez clairement ce que nous voulons véritablement. Et Guillaume(x ?) d’ajouter : « au fond qu’est-ce qu’on défend ? » Peut-être est-ce, ce que résume Benoît K. en parlant d’une « quête identitaire » ? Odile souhaiterait que l’on établisse une espèce de catalogue des « revendications » ce à quoi Patrick Zimmermann répond que justement un des rôle du collectif, c’est de tenter de réunir un maximum de gens pour précisément formaliser ces revendications. Denis pense qu’un élément à prendre en compte est une certaine tendance des intermittents à se sentir coupables (privilégiés, Fraudeurs ?). Il estime qu’une analyse de fond sur les accord FESAC et Roigt/Klein s’impose.

Patrick Zimmermann est convaincu que si le régime était véritablement attaqué par le MEDEF et le gouvernement (via l’UNEDIC) il y aura un sursaut du milieu. Cependant il estime nécessaire de ne pas attendre d’en être là pour agir et donc qu’il y a nécessité de responsabiliser les intermittents notamment en approfondissant notre réflexion au sein du collectif. Celui-ci doit avant tout être un outil pour définir clairement les axes de revendication estime Michel Szempruch.



Un débat s’ensuit sur le rôle et le fonctionnement des commissions. Il en résulte les créations suivantes :


1. RÉGIME, IDENTITÉ, LÉGITIMITÉ DES ANNEXES 8 ET 10

- Responsable : Guillaume THIBAUD ( 04 76 43 09 54 - guillaume.thibaud@free.fr )

- Élisabeth CALENDRY ( elisabethcalandry@wanadoo.fr )


2. ANALYSE, EXPLICATION ET CRITIQUE DE L'ACCORD FESAC ET DU RAPPORT ROIGT / KLEIN

- Responsable : Catherine GARGAT ( cgargat@free.fr )

(cette commission ne comporte, pour l'instant, qu'un seul membre. Tout nouveau participant sera le très bienvenu).


3. LES « NON INTERMITTENTS »

- Responsable : Odile SACCOMAN ( 04 76 96 55 88 - adaep@wanadoo.fr )

- Pierre SACCOMAN

- Michel SZEMPRUCH La.resistance@infonie.fr


4. OUVERTURE AUX POLITIQUES, DÉCIDEURS ET RESPONSABLES

- Responsable : Patrick SEYER ( 06 88 17 38 09 - Patrick.Seyer@wanadoo.fr )


5. SCÉNARIOS D'INTERVENTIONS VERS LE PUBLIC/ACTIONS

- Responsable : Benoît KOPNIAEFF (06 76 86 64 84) kopniaeff.benoit@wanadoo.fr



Nous avons convenu que ces titres étaient provisoires et qu'ils pouvaient être modifiés ultérieurement, selon l'avancement du travail des commissions.

- Pourquoi des commissions ? Pour mieux comprendre et mieux se mobiliser. Le fait de participer à une commission est une excellente manière de se responsabiliser, de se positionner, en tant qu'intermittent, et de se motiver dans une lutte nécessaire.

- On peut très bien participer à une commission sans que cela soit contraignant : l'échange de mails est, par exemple un moyen très souple de travailler en groupe, entre deux réunions.

- Toute personne peut apporter sa contribution au travail de toutes les commissions, sous forme de suggestions ou de réflexions personnelles (par mail, par exemple).

  • Ils n'existe pour l'instant que cinq commissions (ce qui est déjà beaucoup), mais d'autres peuvent être créées sous l'initiative de qui veut.


LA PROCHAINE REUNION DU COLLECTIF AURA LIEU


MERCREDI 16 AVRIL

12/14 heures

(Sans doute au petit angle à préciser)

Ordre du jour

Premiers rapports des commissions



Pour le collectif/ Patrick SEYER


PS : Bien que les organisations syndicales nationales n’aient pas reçu de convocations officielles, il semblerait que la « négociations » au sein de l’UNEDIC destinée à réformer le régime de l’intermittence se tienne plus tôt que prévue, à savoir fin avril/début mai. La commission 5 va vite avoir du boulot ! ! !











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3ième réunion du collectif culture

Compte Rendu

Le 16 avril 2003



Cher(e)s ami(e)s,

 

Nous étions environ 26 au petit angle.

Tout d’abord le point sur les 5 commissions qui se sont mises en place lors de la 1ère réunion, à savoir :

1° Les intermittents et les Annexes 8 et 10 (Guillaume, Elisabeth et Christian)

2° Liens avec les artistes et techniciens non intermittents (Pierre, Odile et Michel)

3° Action – Scénarios (Benoît et Pascal)

4° L’accord FESAC et Le Rapport ROIGT/KLEIN (Catherine)

5° Ouverture vers les politiques et autres décideurs (Patrick et Patrick)

Après un récapitulatif des droits des intermittents au jour d’aujourd’hui (que vous pouvez vous procurer auprès de Guillaume ou du SFA ).

LE SAVIEZ VOUS ?

- Les futures mamans doivent justifier d’au moins 200 heures avant la conception du bébé pour être prise en charge !!!  Des conditions strictes existent également pour la maladie

- Elisabeth met en place par le biais d’un questionnaire un sondage sur la situation réelle de travail d’un artiste ou technicien du spectacle vivant (que vous pouvez vous procurer auprès d’Elisabeth ou du SFA ), afin de mieux connaître les gens du métier par un comptage concret.

Patrick Zimmermann met l’accent :

- les Assedic ne veulent pas prendre en compte que l’on calculait nos indemnités sur 75% de nos revenus parce que l’on payait des impôts sur –25% …chose qui n’existe plus.Ce point doit être détaillé.

- L’Etat par ces mesures nous incite à déclarer moins d’heures que l’on en fait réellement, cela nous arrange…Pourquoi ???

- Le travail réalisé est très souvent sous évalué pour pouvoir être vendu !!

2° Pierre fait le point

- Les retraites : les indemnités journalières sont calculées sur le nombre des heures déclarées.

- On ignore le nbre de personnes travaillant sans être indemnisées.

- Il faut penser à un autre, un vrai statut professionnel

Il étend aussi sa commission au thème suivant : Quelle Culture défendons-nous ?

Patrick S. pense qu’il faudrait créer une commission à part entière pour ce vaste sujet.

Donc tous ceux qui sont intéressés peuvent venir prêter main forte à Pierre. En tout état de cause, il semblerait que ce sujet d’importance capitale soit à penser par chacun d’entre nous.

3°Benoît et Pascal sont en train de penser des actions adaptables en fonction du nombre de personnes présentes le jour J . Ils développent aussi le " comment communiquer " aux gens.

Ils lancent un appel matériel : Faites parvenir une liste du matériel que vous pourriez tenir à notre disposition… (Sono, micros etc.)

4°Catherine pense que certains éléments du rapport Roigt/Klein peuvent jouer en notre faveur.Il faut les exploiter.

Patrick S. pense que l’on s’égare par ce chemin et qu’il est plus urgent d’en faire simplement un résumé… A vos lunettes et donnez-nous votre avis. (Si vous souhaitez avoir ce rapport : cgaragt@free.fr )

Patrick Z. souligne que l’Etat avait commandé 2 rapports avant celui-ci et qu’ils sont restés enfermés dans un placard de l’Elysée. Le MEDEF est contre leur utilisation (on se demande pourquoi !!!). Il faut savoir que J.P Vincent a participé à la rédaction de l’un d’eux. Il nous semble important de les rechercher. Bérénice suggère d’aller voir à L’OBSERVATOIRE DES POLITIQUES CULTURELLES … Le premier arrivé prévient les autres.

Elle rappelle qu’un rapport est une étude et qu’un accord est un document accepté parce que signé.

5° Les deux Patrick sont intervenus très joliment et très posément à la réunion de la RIDA (Regroupement Inter Régionale pour la Diffusion Artistique) exposant la situation dramatique de demain si on laisse faire le MEDEF, leur demandant expressément de prendre position plus fermement et plus ouvertement. Michel BELLETANTE les a clairement soutenus et a proposé  des lettres concrètes adressées au ministre de la culture.

Patrick Z. a également insisté sur :

Comment l’UNEDIC peut-il se faire juge des valeurs Artistiques ?

L’importance de la solidarité interprofessionnelle. Il a pris les exemples de Gallota, Lavaudant et lui-même. Ils n’étaient pas, au commencement de leur carrière, ce qu’ils sont devenus. L’intermittence leur a permis d’y arriver !!! (Patrick Z. Se propose de nous envoyer son discours.

Des suites de cette intervention semble-t-il, nos deux Patrick ont été invités à intervenir à la fin d’une commission culturelle à la mairie de St Martin D’Hères. Première victoire.

Quelques remarques importantes

Muriel Vernet rappelle que les grosses structures vont, par répercussion, voire directement pâtir, elles aussi, des nouvelles mesures si elles sont appliquées.

Claude Gavazzeni (Claude, je te prie de m’excuser si j’ai écorché ton nom) rappelle qu’il est très important de ne pas exagérer la situation surtout lorsque l’on pose des chiffres.

Conclusion

Le travail de ces commissions nous permet petit à petit de voir plus clair dans cette forêt d’informations de situations et de contextes divers et variés. Il est évident qu’on en sera plus fort !

Tous ceux qui ont envie de faire des commentaires, d’apporter leur contribution quelqu'elles soient sur ces sujets, sont les bienvenus par le biais d’Internet, au SFA ou directement aux copains ayant accepté d'initier le travail des commissions  si leur intervention est précise. Une liste des contacts-mails pour chaque  commission est rappelée ci-dessous.

Et merci à tous ceux qui participent de près ou de loin à ce travail.

Catherine GARGAT

PS:Vous trouverez, ci-dessous, les contributions des Patrick(s) S et Z dans le cadre de leur commission :



Projet de lettre aux directeurs de salle (Patrick Zimmermann) – avril 2003 (pas corrigée, pas envoyée)


Madame, Monsieur,


Une fois de plus, le régime qui permet aux intermittents du spectacle de faire face aux difficultés inhérentes à la précarité de leur métier est remis en cause. Alors que le MEDEF, (interlocuteur des salariés au sein de l'UNEDIC), préconise purement et simplement la disparition des annexes 8 et 10 qui définissent les conditions selon lesquelles ils peuvent être indemnisés en cas de chômage, le ministre de la culture affirme publiquement qu'il y a, en France, trop d'acteurs et de spectacles médiocres, et cela non sans s'être engagé auparavant à ce que notre spécificité professionnelle continue à être prise en compte dans les éventuelles négociations à venir.


Certes, de nouvelles mesures se profilent à l'horizon, qui prennent bien en compte cette spécificité, mais elles rendraient si difficile l'accès aux indemnités de chômage que, si elles étaient appliquées, plusieurs milliers d'intermittents devraient définitivement renoncer à exercer leur métier. Seuls, ceux qui travaillent le plus pourraient être indemnisés pendant les périodes chômées. De nouveaux calculs conduiraient, dans le même temps, à la situation surréaliste suivante : donner plus à ceux qui gagnent plus et rien à ceux qui gagnent moins.


Une nouvelle fois, nous voulons rappeler que, depuis de nombreuses années, nous demandons que soient ouvertes de véritables négociations réunissant TOUS les représentants de nos professions et abordant, sans faux-semblants, TOUS les problèmes soulevés par nos métiers et par notre manière de travailler.


Outre le fait qu'il soit dangereux et choquant de faire croire que l'UNEDIC peut juger de ce qui, dans notre pays, est artistique et de ce qui ne l'est pas, ainsi que de qui est artiste et de qui ne l'est pas, nous pensons qu'à terme, c'est la culture qui fera les frais de tels raccourcis.


Or nous avons en commun, vous, directeurs de théâtres ou de compagnies, et nous, artistes ou techniciens, le même désir de défendre la notion de culture dans notre pays.


C'est pourquoi nous vous invitons à nous soutenir, chaque fois que vous le pouvez, auprès des instances, des pouvoirs de tutelle que votre statut vous permet de côtoyer, soit de vive voix, chaque fois que l'occasion s'en présentera, soit par écrit.


Mais nous serions heureux, aussi, qu’un ou deux d’entre nous puissent vous rencontrer pour mieux vous expliquer ce que nous croyons nécessaire, pour entendre votre avis ou vos suggestions et savoir ce que, de votre côté, vous estimez nécessaire.


Nous portons enfin à votre connaissance le fait qu'à Grenoble, un collectif vient de se former, réunissant tous les professionnels du spectacle qui le veulent bien mais aussi tous ceux qui, de près ou de loin, se sentent concernés par ces problèmes et/ou qui veulent en débattre avec nous. Ce collectif, pour le moment, organise son travail en différentes commissions. À votre demande, et si vous nous fournissez une adresse email, nous nous ferons un plaisir de vous communiquer le résultat du travail de ses commissions auxquelles vous êtes vivement invités à vous joindre, même de manière « intermittente ».


Dans l’attente de vous rencontrer très prochainement ou d’avoir bientôt de vos nouvelles, nous vous prions, Madame, Monsieur, de recevoir nos salutations les plus cordiales.


Patrick Zimmermann pour le Collectif Culture




Lettre type en direction des élus et des responsables politique (Patrick Seyer) – avril 2003. (pas corrigée, pas envoyée)




Madame, Monsieur,


Le (la) maire, députée, Conseiller(e) général(e), Régional(e), Sénateur (trice), Député(e)




Les artistes, techniciens, administratifs du spectacle vivant et enregistrés sont très inquiets et même pour certains angoissés. Ceci à plusieurs titres. Les propositions de réforme du régime d’indemnisation spécifique des Intermittents du spectacle (annexes VIII et X) telles qu’elles ont été formulées par les deux inspecteurs ROIGT et KLEIN, à la demande respective des Ministres FILLON et AILLAGON, sont absolument délétères pour nos professions. Nous vous les résumons brièvement.

Pour obtenir des conditions d’indemnisation presque semblables à celles actuellement en vigueur il faudrait justifier de 63 cachets au lieu de 43. Lorsqu’on sait que d’ores et déjà 35% des artistes ne parviennent pas à atteindre le seuil des 43 cachets, on imagine les conséquences désastreuses des « mesures » préconisées.


En effet, et sans aucune exagération de notre part, un simple calcul montre que l’application de ces « recommandations » conduirait, pour environ 50% des Intermittents à une diminution de plus de 40% ( !) du montant des indemnités actuelles. Sachant que 50% des Artistes actuellement indemnisés, perçoivent mensuellement entre 3700 et 8700 F, il est évident que cette mesure conduirait à leur exclusion pure et simple de la profession. Qui en effet peut vivre avec de tels revenus lorsqu’il est en période de non travail ? (Nous reviendrons sur cette notion de non travail). A l’évidence c’est à la mise en place d’un véritable processus de précarisation extrême que nous assistons.


Avec cette même logique comptable, plus proche de celle d’un manager de multinationale que de fonctionnaires ayant à se préoccuper de chômeurs chroniques, le rapport préconise un scandaleux « dégraissage » des ayant droits, en excluant nombre de professions, notamment dans le secteur technique et administratif qui y avaient accès.


En fait il apparaît clairement que ne seront désormais indemnisés valablement que les professionnels travaillant beaucoup et ayant des salaires élevés. C’est encore amplifier la « fameuse » fracture sociale que d’aucun nous semblait avoir placer au centre de ses préoccupations politiques !


Mais ces inquiétudes, d’ordre corporatif, ne sont pas les seules, loin s’en faut. La disparition programmée d’une majorité d’artistes, ne pouvant vivre et travailler que grâce à ce régime qui tient compte de la spécificité de ces métiers, auraient des conséquences mortelles, et nous pesons nos mots, sur la vie culturelle de notre pays. Une des caractéristiques de la toute aussi fameuse « exception » culturelle repose, entre autre sur l’existence de ce régime. Hormis les « grosses » structures, l’immense majorité des créations artistiques qui se font en France ne peuvent exister que parce que pendant les périodes dites de non travail les artistes intermittents sont financièrement soutenus. L’exclusion d’une majorité d’entre eux, conduira inévitablement, à une réduction considérable des offres culturelles. Et lorsque nous disons offres culturelles, nous ne pensons pas uniquement aux spectacles ou aux productions audio visuelles stricto sensu, nous pensons à cette multitude d’actions artistiques qui se font journellement partout en France, souvent dans tel ou tel petit village, dans les écoles, les ateliers pour amateurs, les institutions diverses (Hôpital, lieux de détention etc.).


Et puis gardons toujours en mémoire la question suivante : Comment et dans quelles conditions, tel ou tel artiste, qu’il soit metteur en scène, chorégraphe, comédien, chanteur ou danseur, aujourd’hui, célèbre, reconnu, a-t-il débuté ? Que serait-il (elle) devenu(e) si à l’aube de sa carrière des conditions économiques déplorables l’avait conduit à abandonner ? Avec le projet gouvernemental ce n’est pas seulement le présent ou le futur proche qu’on casse, c’est tout l’avenir culturel de notre pays que l’on hypothèque. Pense-t-on vraiment que les pièces de Shakespeare, de Koltès ou de Lagarce devront désormais être sponsorisées par Coca Cola pour qu’un metteur en scène les monte ?


Confronté à ces problèmes, notre ministre de tutelle démissionne littéralement de ses responsabilités. Il nous renvoie aux « négociations » des partenaires sociaux, en clair au MEDEF, dont on connaît l’attachement profond à la culture et à l’art, a fortiori pour une culture s’adressant à la majorité de nos concitoyens. Souvent propriétaires ou très liés financièrement aux chaînes télévisées privées, on voit ce que cela donne !


Si nous ne sommes pas vraiment surpris des propos injurieux, méprisants et arrogants tenus par certains responsables du MEDEF, assez coutumier du fait, nous avons été très blessés par ceux de notre Ministre de tutelle disant que trop de productions étaient médiocres dans ce pays, laissant entendre que l’exclusion de nombreux artistes n’était en fait pas si dramatique que cela, puisque cela permettra de se débarrasser des « mauvais ». Dans le même temps il renvoie les organisations syndicales et les professionnels aux négociations « des partenaires sociaux » c’est à dire à l’UNEDIC. Il justifie donc une « épuration » sur des données comptables. Monsieur AILLAGON semble donc, de façon tout à fait irresponsable pour un ministre, déléguer à l’UNEDIC une prérogative de juge de la valeur artistique, d’une compagnie, d’un créateur. Depuis quand cet organisme est-il investi de ce rôle ? C’est totalement scandaleux.


Un organisme d’état et lui seul à cette fonction, il s’agit des DRAC, et là, le moins que nous puissions dire c’est que cette fonction elle l’assume avec une rigueur redoutable !


Notre attitude n’est pas guidée par une mentalité de parasites, ayant découvert « la poule Assedic aux ½ufs d’or ». Elle est tout au contraire celle de salariés responsables, n’ayant qu’une seule exigence ; travailler et pouvoir vivre de leur art. Ce dernier point nous permet de revenir sur les périodes dites de non travail mentionnées plus haut. Quiconque a travaillé avec un artiste sait quelle somme de travail a du être réalisée en amont de tout spectacle professionnel : La documentation, la mémorisation, les réunions préparatoires avec partenaires et décideurs, les rédactions de dossiers, les répétitions mal ou pas payées, les transports, les montages et démontages etc. Dire comme certains journalistes à l’évidence mal intentionnés (ou s’étant mal informés ce qui est un signe de médiocrité professionnelle pour ce métier! ! !) que les intermittents ont a travailler très peu pendant 12 mois, pour être largement indemnisés, les douze mois suivants est un raccourci mensonger pur et simple, une déformation malveillante de la réalité. Une simple remarque pour étayer notre propos. Lorsque Monsieur PUJADAS de France 2, dont le salaire soit dit en passant excède et de loin, notre plafond d’indemnisation, dit au J.T. de 20 h qu’il suffit de travailler 507 heures (43 cachets, soit environs 3 mois) pour être indemnisé 12 mois, il ment. Car l’année suivante pour conserver le régime d’intermittence, il faut à nouveau travailler impérativement 3 mois, pendant lesquels, et c’est normal l’intermittent n’est pas indemnisé. Donc, déjà les 12 mois deviennent 9 ! et cela chaque année, même après trente ans de carrière ! Ce simple exemple, et nous pourrions en donner d’autres, rajouté à toutes les tâches préparatoires dont nous parlions plus haut, nous amène résolument à rejeter avec la plus extrême fermeté et colère, toute cette propagande malsaine visant à présenter les intermittents comme de vulgaires profiteurs et des privilégiés irresponsables. S’il existe des aigrefins dans notre beau pays, ce n’est certainement pas là qu’il faut les chercher !


Pour conclure, notre collectif, en accord avec les positions des syndicats qui en sont membres, s’inscrit au contraire dans une démarche totalement responsable et digne.

Nous pensons que les problèmes posés, et qui sont réels, par le régime de l’intermittence, ne peuvent en aucune manière être traités à « l’arrachée », comme ils voudraient le faire, par le MEDEF et certaines organisations non représentatives de notre milieu. Surtout quand on sait que ces « partenaires » présentent plutôt des « oukases » que de véritables propositions responsables.

C’est pourquoi nous faisons nôtre la proposition de la Fédération du spectacle CGT qui demande, en préalable à toute « négociation » au niveau de l’UNEDIC, l’ouverture de discussions de fond sur la Politique Culturelle Nationale et la gestions des salariés qui y travaillent. Ces discussions pouvant servir d’éléments réalistes et concrets pour l’élaboration au niveau de l’Assemblée Nationale d’une Loi d’Orientation et de Programmation. Il est évident que nous ne mettons aucun préalable sur les thèmes qui seraient abordés dans ce cadre. Oui, le régime doit être actualisé, oui, des améliorations doivent y être apportées, oui nous sommes ouverts à toutes proposition. D’ailleurs l’ensemble des syndicats de salariés et des employeurs de la profession ont travaillé un an dans ce sens. Travail qui s’est conclu par un accord signé unanimement: accord connu sous le nom d’accord FESAC. Pourquoi le MEDEF, qui avait mandaté deux de ses syndicats de catégorie dans ses discussions, et qui avaient eux aussi signé, a-t-il jeté cet accord aux oubliettes ?


Nous sommes convaincus que les motivations et les intérêts du MEDEF et des ses alliés au sein de l’UNEDIC, ne sont pas, objectivement, ceux des élus que vous êtes, et ceci quelle que soit votre appartenance politique. Hommes et femmes de terrain, partenaires des artistes à l’occasion de manifestations culturelles dans votre village, votre ville, votre département ou votre région, vous savez que l’image que le MEDEF et certains media veulent donner de nous est fausse.

Par contre nous sommes intimement persuadés que vos motivations et vos intérêts, ne sont pas aussi éloignées des nôtres que d’aucun voudrait le faire entendre.

Nous sommes aussi persuadés que nombre de vos choix en terme de Politique culturelle sur le plan local seront anéantis si cette réforme venait à passer.


C’est parce que nous sommes persuadés de tout cela, qu’au nom du Collectif.Culture, nous nous adressons à vous aujourd’hui, d’une part pour solliciter une rencontre si vous l’estimez nécessaire pour approfondir tel ou tel point évoqué dans ce courrier, et d’autre part, vous demander de nous soutenir, comme l’on déjà fait certains élus. La forme de ce soutien évidemment vous appartient, mais l’enjeu dont il est question ici, nous semble d’une telle gravité, que nous nous sentons autorisés à vous dire, qu’un tel soutien rentrerait totalement dans vos mandats d’élus.


En vous remerciant à l’avance de l’attention et de la suite que vous voudrez bien donner à cette lettre, nous vous prions de recevoir, Madame, Monsieur le (la) ……………………. nos respectueuses salutations.


Patrick Seyer, pour le Collectif Culture





Intervention de Patrick ZIMMERMANN et Patrick SEYER à la réunion de la RIDA* le 10 avril 2003 au nom du Collectif culture



P. Z.


Rappel sur la nature de notre intervention :

  • Il ne s'agit pas d'une intervention musclée.

  • Nous n'avons pas la prétention de vous apprendre quoi que ce soit sur votre métier ou sur la situation des intermittents.

  • Nous n'avons, a priori, pas d'intérêts communs, mais nous sommes sur le même bateau. Nous avons, en particulier, le même désir de défendre la notion de culture dans notre pays.


P. S.


Description de ce qui est nuisible dans le rapport Roigt / Klein.

Pourquoi sommes-nous en pétard ?

Depuis des années l’UNEDIC via le CNPF devenu MEDEF n’a eu de cesse de revenir sur le régime spécifique d’indemnisation chômage des Intermittents du spectacle

Je n’en ferai pas l’historique rassurez-vous !

Je me contenterai de rappeler la dernière période 2000/2003

  • Tentative de putsch du MEDEF décidant purement et simplement de ne plus mentionner les annexes 8 et 10 dans le règlement général de l’UNEDIC. Créant ainsi ce qu’il a été convenu d’appeler le vide juridique. Putsch contrecarré par notre acharnement à faire voter une loi rétablissant ces annexes

  • Rejet pur et simple des accords FESAC signés par l’ensemble des organisations syndicales et des employeurs des professions du spectacle. Suivi du sacrifice de cet accord, qui avait demandé 2 ans de travail, sur l’autel de la refondation sociale du MEDEF.

  • Tentative du MEDEF de faire passer les intermittent de leur régime spécifique à celui d’intérimaire

  • Plus récemment, disons depuis l’élection présidentielle, c’est sans aucun doute un hasard, accélération des attaques : augmentation scandaleuses des cotisations Assedic et en ricochet des Congés spectacles.

  • Enfin publication du rapport Roigt /Klein diligenté par les Ministres Fillon et Aillagon


Résumons ce rapport. Nous avions demandé une expertise quant aux divergences nous opposant à l’UNEDIC sur les données chiffrées. Ce rapport est allé beaucoup plus loin. Il est long et complexe je n’en extrairai que 3 aspects

  • Données comptables. Les deux rapporteurs confirment l’existence du « trou » entre les rentrées de cotisation et les indemnités versées aux intermittents. Mais nous continuons à contester l’amplitude de ce « trou » Le rapport montrant à ce niveau d’évidentes faiblesses. Les commissaires reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes qu’ils ont manqué de temps pour faire une analyse exhaustive.

  • Ils insistent lourdement, très lourdement même, sur les dysfonctionnements structurels du système qui ouvre la porte à la fraude et au détournements de cet outil par les salariés mais aussi par les employeurs

  • Ils proposent une solution uniquement comptable pour rééquilibrer les comptes. Aucune réflexion de fond n’est en effet proposée.



De quelles solutions comptables s’agit-il ?

  • Exclusion du champ d’indemnisation de nombreuses corporations

  • Séparation des techniciens d’une part et des artistes et réalisateurs d’autre part. Les premiers glissant à terme vers le régime général

  • Enfin conditions d’obtention de l’ouverture des droits beaucoup plus drastiques et/ou indemnisations nettement plus faibles comparées au régime actuel.


La conséquence de telles mesures, si elles étaient appliquées, et c’est le désir de l’UNEDIC, serait l’exclusion de très nombreux intermittents actuellement indemnisés, ce qui bien plus tragiquement encore les amènerait à court terme à abandonner le métier.



Exclusion que semble justifier le ministre de la Culture, en disant qu’il y a de toute façon beaucoup trop de productions médiocres dans ce pays, sous entendant par là que les quelques 50 000 exclus selon nos estimations, sont des médiocres. Nous seulement c’est faux mais c’est une déclaration stupide dans la bouche d’un ministre.


Pour résumer les propositions des deux rapporteurs nous pouvons dire, sans démagogie aucune, qu’elles conduisent au fait suivant

« Plus un artiste travaille et plus il gagne bien sa vie, plus importante sera sa prise en charge par les Assedic »


C’est pour toutes ces raisons que nous refusons les propositions qui nous sont faites.





P. Z.


Retour sur la phrase de Jean-Jacques Aillagon : « il y a, en France, trop d'acteurs et de spectacles médiocres ».

  • Nous savons tous, ici, ce que c'est que de démarrer dans la profession du spectacle vivant ou de l'audiovisuel ; soit par expérience personnelle soit que nous ayons assistée à la naissance d'un artiste ou d'un groupe artistique.

  • Nous savons donc tous qu'à leurs débuts, des artistes, des créateurs, ou des groupes artistiques sont plutôt moins bons à leurs débuts qu'au bout de dix ans de carrière. Encore faut-il qu'on les laisse arriver à dix ans de carrière.

  • Je ne suis pas, moi, aujourd'hui, l'acteur que j'étais il y a trente ans. Et je n'aurais pas tenu trente ans si la position de M. Aillagon avait initiée, à mes débuts, ce qu'elle peut nous faire craindre aujourd'hui.

  • Rappelons-nous les débuts des créateurs qui ont marqué la vie culturelle grenobloise sur ses trente dernières années : Georges Lavaudant, Jean-Claude Gallotta, ou Chantal Morel, Pascale Henry, Pascale Mengelle et bien d'autres. Quels furent leurs débuts ? Que sont-ils maintenant ?

  • Un pays, une région, une commune, une structure à vocation de diffusion ne se doivent-ils pas de soutenir les créateurs débutants ?

  • Ce n'est pas à l'UNEDIC de décider de qui est artiste et de qui ne l'est pas ; de ce qui est artistique et de ce qui ne l'est pas.

  • Ce n'est donc pas en coupant individuellement les vivres à des milliers d'artistes de techniciens que l'on augmentera la qualité du spectacle vivant dans notre pays.

  • Rappelons qu'en tout état de cause, il existe déjà un système pour sanctionner l'insuffisance artistique : le subventionnement.

  • Des milliers d'artistes, de créateurs ou de techniciens ne chôment pas parce qu'ils sont médiocres, mais tout simplement parce qu'ils exercent un métier difficile.




Que demandons-nous ?

D’une façon générale nous souhaitons que s’ouvrent préalablement aux rencontres syndicats/UNEDIC une concertation avec le ministère afin de mettre sur la table tous les problèmes liés à la politique culturelle en France. C’est en ce sens de notre demande du vote d’une loi d’orientation et de Programmation sur la culture. C’est à l’occasion de la discussion de cette loi, et parmi d’autres problèmes que serait traité le problème spécifique des intermittents du spectacle, indissociable d’une problématique plus globale. Clairement le premier ministre nous a répondu par lettre qu’il n’en était pas question et que c’étaient aux « partenaires » sociaux de régler la chose.


Cette rencontre avec l’UNEDIC aura de toute façon lieu, et selon des sources bien informées dès la semaine prochaine. Ce que nous voulons alors c’est une discussion de fond et non pas une discussion de 24 heures bâclée avec en guise de négociations des oukases du MEDEF et malheureusement d’autres syndicats y compris de salariés, la CFDT pour ne pas la nommer.


Tout ceci concerne nos organisations syndicales.


Mais nous nous adressons aussi à vous aujourd’hui. Pourquoi ?

Parce que nous pensons qu’il existe un socle commun d’intérêts entre vous et nous. Pour parler d’une façon quelque peu triviale je dirai que nous sommes persuadés que nous sommes sur le même bateau je devrais plutôt dire sur la même galère !

Nous souhaitons que s’établisse un lien plus étroit entre les artistes et les divers décideurs que vous représentez et que, avec les formes qui seront les vôtres vous formalisiez de façon la plus lisible possible votre attachement à notre régime d’indemnisation. Non parce que vous nous aimez bien, et que travaillant souvent ensemble nous avons appris à nous estimer, mais parce que votre existence, nous semble-t-il est d’une certaine manière structurellement liée à la nôtre. Et que si nos statuts sont différents, notre envie de défendre une certaine idée de la Culture est commune et partagée. En tout cas c’est ce que je crois. Et que j’appelle pour ma part de tous mes v½ux.



* Regroupement Interrégional des Diffuseurs Artistique. C’est une structure qui regroupe tous les diffuseurs de spectacles du grand sud-est. Rhône-Alpes et PACA.