Mouvement des Professionnels du Spectacle Vivant et de l'Audiovisuel de
Loire Atlantique en Lutte

Compte-rendu de l'Assemblée générale du 15/09/2003

Ce compte -rendu va être particulièrement long car il contient un texte qui
a sérieusement ré-orienté le débat quant à ce que nous souhaitons faire de
cet « espace de résistances » qui nous est proposé dans les semaines à
venir. Merci de votre compréhension.

Rendez-vous à venir :
Tous les jours, la vidéo est disponible et visible à LU : demander à l'
accueil - billetterie.
Demain (mardi 15), AG à 10h à LU
(des AG ont lieu désormais quasiment tous les jours à 10h..)
Demain : AG « sur l'AG » à 18h à LU
Jeudi 18 septembre : venue de Patrice Chéreau à Nantes.
Le 24 septembre : anne Hidalgo (PS) à Nantes.
Les 20 et 21 septembre : journées nationales d'action (Journées du
Patrimoine)
Jeudi 2 octobre : Jet FM : table d'hôtes de 17h à 19h à LU.
Du 13 au 19 octobre : semaine « blanche » (titre non-défini à ce jour) :
appel à un boycott de toute la culture.
5 novembre : procès d'Arnaud contre le Puy du Fou à 14h à la Roche/Yon.


Ordre du jour tenu :
"Le monde n'est pas une marchandise" : organisation de l'évènement.
Qui va à  au CCN ?
Texte en réaction à l'AG de vendredi
Compte-rendu de l'action à l'Opéra
Point info CDN de Caen

Ordre du jour non-tenu :
Réunion AG du vendredi 12 à Angers pour la semaine morte
Info sur ce qui s'est passé au TNB de Rennes
Visite de Patrice Chéreau au Katorza
Match de foot à la Beaujoire
Qui va à la mairie de St Herblain
Quelles journées d'action le 20 et le 21
Point info sur les réunions du mardi à 18h


1.      Rencontres citoyennes : « le Monde n'est pas une marchandise »
Le collectif « Le monde n'est pas une marchandise » organise le « forum
social du pays nantais » le samedi 27 septembre sur la place du Commerce et
place Royale. Pour cet événement, ils ont ressenti le besoin de rencontrer
le mouvement des intermittents à deux titres :
Serait-il possible d'envisager une participation politique des intermittents
en lutte (animation de forum ou débats, ou interventions.) ? Par ailleurs,
une programmation artistique est prévue, avec des bénévoles, mais aussi des
groupes rémunérés. Qu'en pense l'AG ? Un débat s'est instauré au sein de l'
association au fur et à mesure des années sur le coût, les frais et les
cachets demandées pour participer à une action militante. « Nous avons fait
le choix de ne plus demander aux artistes de participer bénévolement. Mais
embaucher des artistes ces temps-ci nous semblerait ne pas tenir compte du
mouvement en cours ».
 Ils nous demandent  de participer à une réunion ce soir et lundi prochain à
19h à la Maison des syndicats : « Nous sommes très partisans de vous inviter
dans nos actions ». Le projet initial était une animation « dansante » pour
accompagner une « soupe populaire ». Par ailleurs, le souhait est d'
accueillir une intervention des intermittents dans un espace important entre
16h et 17h. Des ateliers de discussion sur la précarité en général seront
organisés sous des tentes.
Débat :
- Je suis étonnée du fait que des artistes se fassent payer pour jouer en
soutien à des manifestations politique. [Nombreuses interventions dans ce
sens]. Au Larzac et ailleurs, des artistes ont pris des sommes parfois
exorbitantes pour participer.
- A-t-on posé la question du choix financier aux groupes ? [réponse : pas
encore, souhaitait les infos du mouvement avant.]
- Les demandes de certains artistes sont floues : cachets ou défraiements ?
- La vraie question première, c'est : Doit-il y avoir des spectacles en ce
moment ? Il faudrait que ces spectacles n'aient pas la forme des spectacles
habituels. La deuxième question est sur la présence des intermittents. Si ça
joue, cela doit vraiment montrer notre engagement actuel.
- Il faut s'interroger sur le contenu politique et artistique dans ce type
de circonstances.
- Il faut faire la distinction entre une demande motivée par des mobiles
politiques et un besoin d'attirer du monde.
- Droit de regard sur un contenu militant ? sur un contenu artistique ?
Avons-nous vraiment un droit de regard ?
- La commission inter-pro qui se réuni cet après-midi est évidemment en lien
avec ce genre de propositions.
- Cette question se pose à chacun individuellement. Et la proposition des
organisateurs doit être claire : soit c'est militant et non payé (mais
défrayé), soit c'est « on a besoin de vous est vous coûtez combien ? » Avec
aucun jugement sur l'acceptation ou non de telles propositions. Le rôle
politique d'une telle manifestation est évident.
- OK sur le fait qu'il n'y ait pas de cachets mais des défraiements, c'est
important.
- Attention à ne pas donner à penser qu'on est pas militants quand on est
pas payé !
- Il serait logique que les gens annoncent au public qu'ils là sont en
soutien politique et ne sont pas payés volontairement. Sinon, qui saura qu'
ils ne sont pas payés ?
- C'est avant tout aux groupes de se poser la question d'être payés ou non,
et à ce titre,  Il faudrait que nous rencontrions les groupes qui jouent
pour qu'ils sachent bien tout ce qui se passe en ce moment. Ce sont eux qui
devraient être là. Nous devons leur apporter notre réflexion sur nos métiers
afin qu'ils choisissent leur implication dans les thèmes de ce forum.
- La question est : «si ça joue, allons-nous bloquer ces gens là ? » Prenant
l'exemple de la fête des retraités de la CGT (avec Gérard Lenormand en
concert), doit-on bloquer ? Il faut que les gens voient qu'il y a quelque
chose qui se passe actuellement. Plus notre présence sera claire, plus les
prestations artistiques entreront dans ce cadre militant.
- Il y à là un écho à nos préoccupations vis-à-vis de ce qui va se passer à
LU. Il faut trouver une manière de montrer nos luttes. Comment communiquer
sur le fait d'être en grève et de jouer ? Nous sommes de toute façon
toujours dans le mouvement.
- Par exemple, ça a joué à la fête de l'Huma ce week-end, avec plus de 300
intermittents, dont 140 sur la scène principale et aucun gréviste !
- Il va y avoir sur ce week-end l'occasion de faire des actions fortes et
visibles.

Vont à la réunion de l'association ce soir : Jeanine, Damien, Anne & Véro.


2.      Délégation pour la présentation de programmation chez Brumachon :
Délégation : Martine et Denis, pour une présentation et un bilan du
mouvement.

3.      Suites de l'AG de vendredi :
Réaction de Pierre Gralepois à la lecture du compte-rendu de l'AG de
vendredi : « Est-ce que le seul choix possible dans la lutte est la grève?
La grève est un moyen efficace mais aussi une sorte de mortification. Elle
ne légitime rien, c'est un choix individuel. Les gens de LU n'ont pas voté
la grève et n'avaient pas de raison objective de le faire.  On peut lutter
sans être en grève.


Martine précise que la charte dit : « .en grève ou en lutte. » Ce qui compte
c'est de tenir, ou alors on pense que l'on va gagner très rapidement. Cette
programmation n'est pas en opposition à la grève, elle est un moyen de tenir
; c'est humain. La grève n'est pas le seul moyen de lutter. Voir l'exemple
des grèves perlées, débrayages et autres formes inventées dans les usines.
Elle se sent en résistance, pas en grève et il faut encore en inventer les
formes. Il faut qu'on arrête de mettre des freins à la lutte . La seule
question à se poser est : « En quoi mon action personnelle dans l'AG sert la
lutte ? » On peut freiner mais ensuite il faut aller de l'avant. On ne doit
pas tout accepter mais considérer que les propositions veulent faire avancer
la lutte.


Guillaume : Il faut faire attention au fait que la proposition de LU à
trouvé sa réponse dans une programmation.(il lit alors un texte que voici
: )

« A priori, la proposition d'un lieu comme celui de LU de mettre à
disposition ses espaces pour soutenir les intermittents en lutte est une
chance à saisir évidemment, une chance au bout de bientôt trois mois de
grève et d'actions et de parole.
Toutefois, sans la remettre en cause dans le fond, il nous semble :
que la charte omet quelques points cruciaux,
que nous n'avons pas respecté ni envisagé encore dans son étendue la
proposition
que nous nous tendons des pièges à nous-mêmes.
Avant d'exposer ce que nous avons à dire, nous voulons rappeler que dans ses
difficultés, dans ses contradictions, nous acceptons en tous points les
règles des assemblées générales. Ainsi, nous ne remettons pas en cause le
principe-même de la proposition de LU telle qu'énoncée dans la charte. Nous
voulons juste en questionner devant vous quelques points, que voici :

Le spectacle vivant, ce n'est pas que des représentations. C'est aussi de la
transmission et de la recherche.

Sur la recherche : Quel espace nous donnons-nous pour cela pendant ces 8
semaines ? En ne réfléchissant ces semaines qu'en terme de production, on
réduit considérablement le champ du spectacle vivant, et ne faisons de la
production publique que le seul moyen d'avoir des cachets. Depuis longtemps
et particulièrement depuis le 27 juin denier, nous réclamons un débat sur la
culture, nous parlons entre nous et sommes d'accord qu'un grande partie de
notre activité n'est pas considérée, nous parlons de la recherche, des
répétitions parfois etc. Pourquoi ne pas saisir cette occasion qui nous est
donnée ici et maintenant d'avoir des cachets, 6 chacun, pour un simple
travail de recherche, ce temps du luxe que l'on ne s'accorde jamais faute d'
argent et que nous revendiquons depuis si longtemps, et expressément depuis
2 mois. Ce temps qui nous sert à dire aux gens que l'on ne fait pas rien,
mais un travail dans l'ombre ?. Ne faisons pas spectacle. Ne faisons pas un
festival des luttants, festival qui créerait un évènement, c'est-à-dire
exactement là où nous mène inéluctablement le nouveau statut : travailler
dans l'événementiel pour avoir le statut, se plier à la société du
spectacle. Là, l'usine LU en soutien à notre mouvement nous appuie
potentiellement dans le combat le plus dur que nous ayons à mener, celui de
faire reconnaître financièrement le temps inutile de la recherche comme un
temps nécessaire et réel de notre profession. Il s'agit d'un enjeu de
société que se plaisent à relayer les élus et structures en soutien à notre
combat : avec nous si nous le voulons, qu'ils passent à l'acte.

Sur la création : Rien ne justifie de jouer aujourd'hui des spectacles. Nous
sommes toujours en grève, ou ne le sommes plus. Acceptons que les modalités
de la charte ne dépassent pas cette contradiction interne : des grévistes
jouent leur spectacles en grève pour dire qu'il sont toujours en grève. La
charte telle qu'elle est écrite nie cette contradiction : qu'elle dise
clairement que dans la durée des 8 semaines, la grève est suspendue mais que
l'usine lutte. Si elle ne dit pas que la grève est suspendue mais qu'elle
continue, ne jouons pas nos spectacles (déjà existants) mais ne créons que
ces formes publique de lutte que l'on trouve sous le nom de « théâtre des
opérations ». Il n'y a que ce dernier, dans la mesure où il s'inscrit dans
un climat social et politique défini et temporaire, qui s'inscrive dans le
sens de la proposition de l'équipe de Lu. Ce doit être le seul espace de
rencontre sous forme de représentation avec le public. L'autre, c'est un
festival, c'est actif/réactif - artistes engagés, rien d'autre, et sous-payé
en plus.

Sur la transmission : Les ateliers de pratique, la pédagogie, les stages,
les confrontations avec les amateurs et autres professionnels, tous
public.toute cette transmission là est notre métier (nous parlons aussi pour
les techniciens) : plutôt que des représentations, pourquoi ne pas saisir l'
espace donné par LU et les Maboul sous chapiteau pour convier un public à
cette transmission ; organisons des stages ensemble, mettons nos savoirs en
réflexion et offrons notre pratique aux gens, essayons de nous rencontrer là
aussi. Montrons que cela aussi est la réalité de notre métier. Faire
comprendre au public ce qu'est notre travail de façon élargie. Transmettre
nos richesses et l'amour de ce que l'on fait est aussi faire comprendre les
enjeux de la lutte et notre refus d'un protocole qui ne nous en laisserait
plus l'espace.


Aujourd'hui, quels sont les pièges qui menacent la lutte ? La division, l'
isolement, l'essoufflement.
Ces trois risques pèsent sur notre mouvement si l'on reste strictement sur
le chemin qui est aujourd'hui pris par cette charte, à savoir des spectacles
sur 28 créneaux, ce sur quoi nous sommes en questionnement devant vous,
étant entendu qu'à nos yeux encore une fois seul le théâtre des opérations
est satisfaisant et va dans le sens du mouvement.

La division : Elle interviendra inéluctablement si la communication se fait
autour des projets de compagnie et non des individus en lutte . Il ne doit
pas y avoir de prosélytisme du combat qui s'incarnerait dans des structures
associatives. Le nom des compagnies apparaissant, c'est la porte ouverte aux
choix individuels de programmation, autrement dit à la reconnaissance d'un
travail et non un soutien à la lutte : aller voir telle compagnie plutôt qu'
une autre parce que son travail est identifié qualitativement dans le
supermarché culturel local.
Et qu'est-ce qui arrive si telle compagnie fait salle comble, et pas l'autre
qui joue au même moment dans une autre salle à 5 mètres de là ?
Qu'est-ce qui arrive si tel soir, par hasard ou pas, par soutien à la lutte
ou pas, un ou des individus reconnus comme programmateurs va voir un
spectacle et pas un autre, étant entendu qu'assister à tous les spectacles
sera impossible ?
Que se passera t-il si nous, dans cette assemblée, allons voir tel spectacle
plutôt qu'un autre, car il a un meilleur bouche à oreille ?
On reproduit là potentiellement le terreau propice aux jalousies que l'on ne
connaît que trop bien le reste du temps. Et quand bien-même nous n'avons pas
le droit de regard sur la qualité d'un spectacle, et c'est tant mieux, il s'
agit là d'un a priori qui ne tiendra plus à la seconde où nous verrons une
personne du public sortir de la salle : on se demandera alors si ce
spectacle sert vraiment notre lutte, vous le savez bien. Alors à moins d'
être sacrément fort dès maintenant et de se le dire, je propose que pour
réduire les risques dévastateurs de la division :

-Aucun nom de compagnie ne doit apparaître nulle part, à aucun moment

-Tous les spectacles portent le même nom (spectacle d'artistes en lutte par
exemple) et ne font pas apparaître les noms des artistes impliqués :
autrement dit, on sait que tous les jours il y a des spectacles, mais ils ne
sont pas annoncés et présentés

-Nous nous devons, au moins à défaut d'être présentement artistes en grève,
être des spectateurs  solidaires de la lutte : nous allons nécessairement
parfois toucher le comble de l'auto centrisme à constater qu'une salle est
au trois quart pleine des membres de cette coordination. Donc, soyons
solidaires de nous-mêmes et n'allons pas aux spectacles.

-Aucune communication, aucun mailing ou coup de téléphone ne doit être
adressé aux interlocuteurs habituels des compagnies ( acheteurs, diffuseurs,
subventionneurs ) qui puisse faire penser à une séance de marché théâtral de
rattrapage. Trouvons un moyen de nous en garder.

Mais encore une fois, le meilleur moyen d'empêcher ces divisions est de
requestionner ensemble cette partie spectaculaire de notre lutte. Et d'
élargir à l'ensemble des semaines le théâtre des operations.

L'isolement.
On n'a pas à juger la qualité d'un mouvement social d'une profession, ni à
comparer les luttes. La charte parle de forum et de débats. Cela tient
quatre lignes, et le théâtre 2 pages : il est normal de contractualiser les
rapports autour de ces semaines, mais si nous ne mettons notre énergie qu'à
faire du théâtre quelques semaines avant le tournant national de la semaine
morte, alors que l'on se bat depuis deux mois pour s'élargir à d'autres
combats (Larzac, les marches, l'interpro, l'omc, l'agcs.), on risque de se
couper définitivement de la possibilité-même d'âtre compris par d'autres
mouvements sociaux, fussent-ils en germe. On a tort de dire qu'on a attendu
les profs et qu'ils ne sont pas venus, mais par contre on a toujours tort d'
attendre : soyons moteurs, imposons dès aujourd'hui des débats
interprofessionnels, ces débats doivent être organisés avec eux, pas par
nous tout seuls, allons les chercher, c'est vital.

L'essoufflement
Il est une résultante des combats mal cadrés et des risques non calculés. Ne
nous précipitons pas. Nous voulons ce mouvement arriver à son terme par la
victoire. Il n'y en a pas de facile. Mais ne perdons pas notre vigilance,
celle qui fait tenir notre mouvement à Nantes depuis si longtemps. Il y a un
risque réel dans cette proposition par ailleurs exemplaire. Ne nous y
perdons pas.

Nous attendons des réponses.

Guillaume Gatteau. »


Droit de réponse d'un rédacteur de la charte : Regret que cette réflexion ne
soit pas arrivée au moment de la rédaction de la charte. Peut-on l'utiliser
maintenant ? Difficultés de la programmation.

- Suite à l'intervention de Martine : poser des questions n'est pas mettre
des freins : s'il y a une incompréhensions, il est impossible de suivre. Il
y a quelques semaines, le discours était très différent sur le fait de
gagner rapidement.

- Réponse à P. Gralepois : le compte-rendu de l'AG reprend TOUT ce qui s'est
dit. Chaque point n'est pas l'expression de l'AG, mais une position d'un
membre de l'AG. Par ailleurs, le souhait, en évoquant de telles questions n'
est pas de freiner, mais au contraire, de pouvoir mieux avancer.

- Face à un virage, on arrive pas à 200 à l'heure, sinon, on va droit dans
le mur !

-Il n'y a pas de volonté de remettre en cause le travail de la commission,
mais difficulté d'y travailler sans suffisamment de débat. C'est vrai  que
les AG sont laborieuses, mais c'est nécessaire pour ne pas louper le sens
des choses. Ce n'est pas grave de rouvrir le débat, ça ne remet rien en
question dans le travail effectué.

- Lecture d'un autre texte : quelle est la place pour une parole dissidente
?

- Ce n'est pas une charte qui nous a été proposée, mais plutôt un contrat.
Quant au fait que la parole n'arrive que maintenant, c'est parce que l'
urgence ne va pas avec la réflexion. Exemple : jeudi : avec l'urgence du CA
de LU qui nous a été annoncé tardivement, il a été impossible de vraiment
bien réfléchir sur le problème de fond dans ces conditions. La lecture du
mouvement se fait à différentes vitesses : est-ce un frein ou un boulet ? L'
abcès est maintenant percé & ça fait du bien. Si par exemple il ne se
passait rien sur la première semaine, à cause de cette réflexion, ça ne
serait pas forcément un mal.

- Bravo pour une réflexion aussi profonde pendant un week-end. L'annonce de
la charte vendredi a été maladroite. La charte contenait plein de «
peut-être », mais elle répondait à un besoin. Laurent a soulevé des
problèmes de fond sur la grève, sur la récupération (PS.), d'autres sur le
choix de LU, les risques de manipulation, le côté « Restons vivants » de
tels choix. Le fond de réflexion proposé dans cette lettre est beaucoup plus
profond que ce qui a été fait dans la charte. Effectivement , le problème de
citer des noms a été soulevé très vite. La pédagogie contenue dans ce texte
qui peut rassembler plutôt que diviser.

- Suite à une réflexion sur le film « Paroles d'intermittents » :
effectivement, le temps de création n'est jamais pris en compte, alors que c
'est le moment le plus riche, le plus fort de nos métiers. J'ai pensé
égoïstement que je ne pouvais jamais me mettre en grève puisque je suis
écrivain et metteur en scène : il m'est impossible de m'empêcher d'écrire en
disant à mon cerveau de se mettre en grève. D'où l'intérêt du « Chantier des
Opérations ». Intérêt de la rencontre, donc rebond sur ce qui vient de se
dire . Quant à savoir si nous allons être récupérés ? De toute façon, on en
prend toujours le risque dans n'importe quel mouvement. Jouons plutôt la
confiance. Tous les mouvements politiques forts ont du mal à ne pas se faire
récupérer. L'AG est souveraine, mais finalement, si le vote se fait sans que
tout soit entendu, c'est mauvais et à retravailler. Il faut rebondir, c'est
ça qui est « révolutionnaire ».

- Je ne pense pas que le travail ait été mal fait, mais il était impossible
de placer le débat plus tôt car il existait une sensation de résistances
très fortes. D'autre part, il est important qu'on reste pour voter quand on
est pas d'accord avec quelque chose. Il y a une liberté totale dans le
mouvement, aucune obligation. Face au jeu du pourrissement par le
gouvernement, c'est une super opportunité qui nous est proposée. Il faut
être vigilants, mais pas parano.

- D'accord pour resserrer les liens, et la réflexion est bonne dans ce sens
; elle est à intégrer, sans problème. Mais plusieurs points sont faux :
A) Récupération PS-Lieu Unique : si on se pose la question, c'est qu'on est
potentiellement fort & il faut savoir utiliser la force de l'entité qui veut
nous  récupérer.
B) Malgré les divisions sur les Rendez-Vous de l'Erdre, on a gagné quelque
chose de très important. Ce qui va se passer dans les semaines à venir avec
le PS, c'est entre autre à cause de ça ! Ils vont se refaire une santé sur
la notre. Si on est là, c'est qu'on pense qu'on va gagner, donc il n'y a pas
de division interne : nous avons tous le même but.
C) Le lieu Unique : aucun d'entre nous n'en a la même image et peut-être que
le problème vient du fait que personne ici n'est déjà venu jouer donc ?. De
plus, il s'agit d'une scène nationale : J. Blaise et son personnel ont une
positon visionnaire plutôt que de récupération : on senti la vraie dimension
du mouvement, donc notre force est visible et ils n'en ont jamais douté. Si
le PS commence à se dire qu'il se passe vraiment quelque chose, c'est grâce
à ça ! Si nous n'avions pas eu ce soutien, nous ne serions plus que 10 à
Trempolino.
D) La dimension du financement est à intégrer absolument : elle n'est pas
intégrée dans la lettre lue, et c'est une cheville du projet et on n'a que
15 jours devant nous, c'est un fait. Il s'agit d'un dossier de plusieurs
millions de francs !  Pour que la négociation passe, il faut qu'ils aient du
grain à moudre. Il faut convaincre des personnes dont la marge de manouvre
est parfois étroite. Quelles billes avons-nous à leur lancer ? Ce
financement, il ne faut pas se leurrer, ne se fera que grâce à LU et à la
Mairie.

Info : Concernant le CDN de Caen : E. La Cascade a fait le même type de
proposition ( un type de co-gestion.) a son équipe et il a été mis
minoritaire. De plus, il a été dénoncé par son personnel dans une lettre
envoyée à la DRAC. Des choses dramatiques dont nous connaissons pas encore
tous les résultats sont en train de se passer. La récupération n'est pas une
mauvaise question, mais attention : le paysage est déjà en train de changer.

- Peut-être que le lien qu'il manque, c'est un vrai financeur.  Qui pose une
pression ? « Vite, vite, vite, y'a urgence » n'est qu'une transcription des
pressions exercées sur le Lieu Unique qui du coup fait « pression » sur
nous. Plein d'interlocuteurs sont dans l'ombre.
Il n'est pas la question d'avoir du « fric » pour faire des « trucs », mais
il manque de l'argent pour réaliser des projets. La charte n'est pas « Le
Projet » et a été présentée avant une vraie présentation de projet ! Le vrai
problème, c'est les financeurs.

- Le malaise autour de la charte a permis de cogiter sérieusement. Le
financement se monte dans l'urgence, c'est un fait. C'est à nous d'avoir
cette force de ne plus accepter ces conditions. L'éthique est le gros
problème de fond. Le même problème s'est posé pour les Mabouls : jouer ou
non sous leur propre chapiteau, sachant qu'ils doivent partir jouer ailleurs
ensuite avec le chapiteau. Il ne faut surtout pas perdre notre force et ce n
'est pas tant un problème de budget qu'un problème éthique.

-  La notion qui gène, c'est : « on va gagner » : l'important n'est pas le
résultat mais le chemin : le but ne doit pas corrompre la lutte.

- L'important de bien garder en tête là où on veut aller, il ne faut pas l'
oublier. Pour le problème du financement, s'il n'y a pas de spectacles tel
qu'on l'entend habituellement, demander de l'argent pour des débats et des
projets en gestation, c'est super « couillu » ! C'est ça la réflexion
importante. Et ça va donner l'occasion à la Mairie de Nantes de se
positionner vraiment.  [S'en suit une lecture d'un texte de N. « Calligari »
: que fait-on avec des personnes comme elle, poète, qui souhaite aider ?]

- le texte de Guillaume replace bien le débat : l'enjeu est de tenter de
déconstruire des schémas mis en place depuis des années. Nous avons nous
aussi le devoir d'être visionnaires, d'imaginer d'autres systèmes de
financements solidaires. On doit se déterminer sur notre fondement politique
au sens noble du terme. Proposition de mettre ce texte de Guillaume au vote
de l'AG, mais après un autre débat pour approfondir le sujet. Quant au Lieu
Unique qui souhaite créer un lieu de vie : faisons-en un vrai lieu de vie.
Il faut construire les choses avec les gens de l'extérieur : l'inter-pro ne
se fera pas tout seul.

- Il faut étendre le champ artistique à la recherche et demander ça aux
institutionnels, c'est une autre demande de positionnement. Tous les
objectifs que nous avons peuvent-ils s'exprimer ? La priorité est d'aider
les intermittents grévistes : il faut déjà se positionner plus clairement la
dessus, et c'est à eux de voter dans ce cas là : le souhaitent-ils ? Il faut
se donner une hiérarchie dans les objectifs.

- Pour revenir sur la notion de budget et d'urgence : si le but est vraiment
de tenir, ce principe de payer les personnes qui en ont le plus besoin est
sans problème.  Et puis côté budget, on arrivera de toute façon à faire
quelque chose. Il faut demander un budget d'aide à la création au départ sur
le projet global. C'est pas très grave si le nombre de jours ou d'
intervenants n'est pas complètement calé.

- Sur cette notion d'urgence : effectivement, cela pose problème, mais les
faits réels ne peuvent être contournés, comme des dates butoirs ou des dates
anniversaires. L'échéance ne peut être choisie et c'est la réalité, il faut
le gérer. Il ne faut pas louper une occasion pour une question de «
non-choix » de date. Pour le budget : c'est un peu la même chose. Il y a un
choix à faire rapidement sur le nombre de cachets, si les intervenants sont
payés ou pas. Et sur la réalité du nombre de personnes impliquées est là. La
réalité, c'est de dire que cette proposition est un maximum, et que si le
budget n'est pas trouvé, on ne peut pas aller en avant. Soit on dit « on
fait ces 8 semaines avec la caisse d'Aspros au fil des jours. », soit on
veut au moins « ce projet » et il faut en trouver le financement. Et puis
les feuilles de salaires ne peuvent être faites sur n'importe quoi non plus
: il faut que ce soient des métiers d'intermittents.

- On dirait que le fait de devoir assumer la recherche de financement et le
texte de Guillaume paraissent incompatibles. Mais le propos est que l'AG
vote sur « quel choix de financement ». Le terme de « programmation » induit
déjà une lecture fausse : les projets de créations, c'est autre chose. Un
projet est par définition une idée qui vient s'inscrire dans une réalité. Le
budget doit prendre en compte toutes les propositions, et on ne peut pas
mener ce projet avec le même fonctionnement que celui qu'on dénonce. Ça peut
être une demande de subventions d'aide à la création. C'est grave quand
quelqu'un dit : je ne me sens pas de voter car je ne rentre pas dans le «
cadre », c'est renvoyer au problème que beaucoup de gens de la profession
connaissent déjà : « ne pas rentrer dans les cases ». L'abstention est un
vote. Et il est hyper important de statuer sur ce vers quoi on va.

-Si on pousse ce résonnement jusqu'au bout, on quitte Lu et on va ailleurs :
la proposition faite est due à l'annulation de la programmation. Le
financement ne pourra se faire que sur des propositions concrètes, pas sur
des projets. De plus, il n'est pas question de voter un texte « d'
ntentions ». La charte a été votée dans l'objectif que début octobre, il se
passe quelque chose ici. On peut aussi décider de ne pas se donner les
moyens de le faire. C'est une synthèse de ce que je crois comprendre. De
plus, si Anne Hidalgo vient le 29
                , c'est que le PS a bougé : on est plus dans la réflexion d'
avant les Rendez-Vous de l'Erdre. Ce projet doit comporter une part de
programmation : pour aider ceux qui n'ont pas joué et pour leur permettre de
jouer

- Il est primordial de ne pas oublier l'objectif de la semaine morte : il y
a de fortes chances qu'elle ne suffise pas à changer la donne. Se pose alors
la question de ce que nous faisons ensuite. Nous ne pouvons pas demander aux
programmateurs de continuer à faire d'autres semaines mortes pour ne pas
relâcher la pression et reprendre notre « programmation ». Il est donc faux
de partir sur un projet et un budget de 6 semaines. Seuls les forums sont
garantis. Les « espaces » de jeux ne le sont, quant à eux, qu'avant la
semaine morte. Il est donc important de monter un budget en deux temps.

Intervention de Thérèse de l'équipe du Lieu Unique : LU a abandonné sa
programmation pour donner cet espace aux intermittents ; l'équipe a envie
que le théâtre serve au mouvement. La programmation n'est pas seulement
repoussée, mais aussi en grande partie annulée. Les abonnés téléphonent,
passent, et se demandent ce qui se passe, où ça en est. Il faut que Lu
puisse y répondre et que donc le mouvement propose d'urgence quelque chose,
et c'est demandé sans aucune volonté récupération.

[Brouhaha : « Il faut qu'on passe au concret et qu'on arrête de débattre.]

- Si on est capable d'intégrer 15 projets dans ce qu'on a déjà établi comme
projet de financement, c'est qu'on peut transformer les 28 « espaces de
jeu » en projets. Le problème qu'a soulevé Laurent vendredi est un vrai
problème de fond : si on joue, sommes-nous crédibles ? Si une autre
programmation s'installe à la place de celle prévue initialement par LU, ce
n'est plus crédible. L'idée de ne pas afficher les noms des compagnies, des
groupes et de noms de spectacles, ça enlève déjà une épine du pied. La
preuve du malaise est le résultat des réflexions poussées ce week-end et qui
ressortent aujourd'hui.

- Est-il possible de demander à des compagnies qui n'ont pas joué leurs
créations cet été de re-créer à nouveau ? Et sur si peu de temps ?

- Le Lieu Unique n'a pas annulé tout, mais déplacé certaines choses aussi.
Il faut absolument se mettre d'accord sur une base commune et ça ira très
vite .

- Il y a une confusion entre aider des intermittents et aider des compagnies
ou groupes. Il n'y a aucun problème à intégrer des individus dans un projet
artistique, mais des compagnies ? Nous avons besoin de proposition
concrètes, d'un calendrier concret aussi. On peut demander des échéances
plus souples : choisir d'un jour sur l'autre, ce n'est pas possible ! On
peut dire par exemple que toutes les envies et propositions sont à déposer d
'ici mercredi (sur la teneur globale du projet) et voter du coup plus
concrètement mercredi.

- On a déjà du concret, c'est peut-être juste un besoin d'un petit décalage
dans le temps, mais pas tant que ça. Le vote à faire, c'est avant tout : y'
aura-t-il une programmation ou pas ? Ou peut-on étendre le chantier sur
toutes les scènes ? Pourquoi pas imaginer en premières semaine uniquement le
« chantier », . et des programmations uniquement après la semaine blanche.
En ouvrant les propositions à d'autre, il y aura une meilleure lisibilité du
mouvement.

Il faudrait écrire plein de textes de propositions. Pourquoi pas séparer
plus les choses. Par ailleurs, si le choix de certains est de jouer des
spectacles déjà existants, ces personnes ne doivent pas aller arrêter les
autres spectacles, sinon, c'est pas logique.

-Des choses très importes se sont visiblement passées depuis 15 jours. Je
reviens du Théâtre des Amandier (Paris), qui était initialement en grève et
qui maintenant est en lutte. Lors de leurs AG, ils recherchent des moyens
pédagogiques vis à vis du public : visites, forums, projection de films, .
Il ne faut pas se battre entre nous, mais construire. Ce n'est pas facile à
mettre en place & il faut avancer, sinon, il y a risque d'étouffement. Des
idées très fortes sont arrivées, il faut en faire un calendrier.

- Il ne faut pas avoir peur : ce qui sera présenté en une semaine sera un
reflet, un travail, et la qualité sera là ( ou pas). Par exemple, l'
improvisation est un travail qui existe dans tous les secteurs. La remise en
cause de la charte n'est pas grave. L'important, c'est est-ce que tout le
monde s'inscrit dans cette forme de théâtre en lutte ?

- Mais qui pourra s'intégrer à cette forme unique de théâtre en lutte  ? C'
est se couper des autres formes d'expression qui existent.

Info : Bilan de l'action sur l'opéra : un « travailleur de l'ombre » est
présent et nous transmet le ressenti de l'équipe de l'opéra : « C'est
vraiment pas mal, ce qui s'est passé. il y a eut de vraies discussions. Les
permanents sont avec vous. »

- Est-ce que le seul moyen de prolonger la lutte est d'utiliser cette
opportunité ? Ne vaudrait-il pas mieux le construire plus longuement quitte
à commencer plus tard ?

- Ce travail pédagogique est fondamental pour expliquer nos métiers. Ça
peut-être un très grand projet que de montrer tous nos métiers, et leurs
réalités. S'il n'y a que du spectacle, c'est retomber dans les schémas de
consommation.

- Pour ce qui est de la crainte d'être étouffé dans une grande forme
générale : ce lieu offre plein de choix : y'a évidemment pas une seule forme
possible.

- Faut-il continuer l'AG, faire une pause, . ? (il est 13h50 !) sachant que
le texte Guillaume sera disponible vers 17h, que des commissions commencent
à 14h. Il ne faut pas repartir sans fonder quelque chose.

- Un seul nom global pour plein de formes culturelles, c'est aller contre ce
que nous ne voulons pas et qui est la réalité actuelle : plein de noms
divers pour une seule culture de consommation. Ce n'est pas parce qu'il n'y
a qu'un nom que cela veut dire qu'il n'y aura qu'une seule forme, au
contraire. Tout le monde pourra s'y intégrer.

- Concernant la lutte : associer des compagnies, ce n'est pas la lutte :
chacun vient lutter individuellement. L'idée est de proposer une énorme
compagnie où il y a de la place pour tout le monde, pour l'intime, pour l'
ombre. La lutte existe pour de vraies questions de fond, pas financières, et
nous devons être à la hauteur .

- Ça ne doit pas être que du théâtre militant, que de la lutte, il ne doit
pas y avoir de dictat. Il faudrait retravailler le texte qui a été lu et
commencer la prochaine AG là-dessus.

- Les choses ont évolué dans un sens cohérent. Le seul intérêt de jouer des
spectacles déjà faits est de payer en urgence les copains dans la merde.
Sinon, il n'y a que des risques. Par contre, le « gros chantier » a beaucoup
plus d'intérêts par la suite. C'est à ceux qui sont dans la merde de se
faire connaître d'urgence.

- Pourquoi pas lister toutes les formes possibles cet après-midi pour les
soumettre au vote demain ?

- C'est le cadre qui fait la militance, pas la création forcément en elle
même.

- Qui sait faire des budgets très importants dans le domaine culturel ?
Quelle est la part acceptable par les subventioneurs de création dans un
projet ? A partir du moment où ce sera défini, on saura mieux où on peut
aller. Il faudrait en discuter avec quelqu'un qui maîtrise vraiment le sujet
(voir avec quelqu'un de LU ?) .

- Le « Chantier des opération ne doit pas faire peur : on connaît déjà ce
type de travail. De plus , le métissage de l'art est une vraie richesse.
Grâce à cette forte proposition, notre force de créativité est deux fois
plus importante, c'est de l'innovation.

Fin de l'AG pour faire une pause avant de reprendre une cession de travail
exceptionnelle sur les propositions qui ressortent de la charte, du texte de
Guillaume et de l'AG.

Départ d'une délégation pour Saint Herblain dans l'après-midi et de deux
autres pour la réunion avec le collectif « le monde n'est pas une
marchandise » et la présentation de la saison Brumachon en soirée.

AG demain (mardi) à 10h pour faire un bilan de toutes les propositions et
faire un vote plus clair.
AG « sur l'AG » demain à 18h pour essayer de rendre les AG plus
constructives.